M. Kabila a spécifiquement dénié à l’église catholique la prérogative de s’occuper des affaires politiques.
"Jésus-Christ n’a jamais présidé une Commission électorale", a déclaré le président congolais sur un ton d’ironie.
"Rendons à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Quand on essaie de mélanger les deux, c’est dangereux. Le résultat est toujours négatif", a-t-il affirmé.
Déplorant les pertes en vies humaines, M. Kabila a indiqué qu’il était d’avis que les manifestations soient autorisées mais que les responsables en répondent.
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L’église catholique et d'autres confessions religieuses exigent la mise en application de l’accord politique signé le 31 décembre 2016, qui permet au président Kabila, dont le mandat a expiré le 19 décembre 2016, de rester au pouvoir jusqu’aux prochaines élections.
Ledit accord avait été négocié sous la médiation des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
Les Catholiques font pression pour que M. Kabila annonce publiquement qu’il ne se représentera pas au prochain scrutin.
A une question de la presse dans ce sens, le président a simplement demandé qu’un exemplaire de la Constitution soit remis au journaliste.
"Je constate depuis plusieurs années qu'on vous a tout dit. Alors tout. Sauf la vérité... ", a soutenu M. Kabila.
Le président congolais a accusé l'opposition de proposer un "saut dans l'inconnu" au lieu de défendre le processus électoral qui doit déboucher sur une présidentielle en décembre, dans sa première conférence de presse depuis 2012.
"Il faut aller aux élections comme prévu (en décembre 2018). Je constate que, de notre côté, il y a une feuille de route et qu'est ce que l'on nous propose? Rien, zéro, un saut dans le vide, un saut dans l'inconnu", a déclaré dans son palais présidentiel à Kinshasa le président Kabila que l'opposition accuse de vouloir rester au pouvoir.
"J'aimerais que nous puissions avoir des élections apaisées. Est-ce l'objectif de l'opposition? Point d'interrogation", a-t-il dit en conclusion de sa déclaration et de questions/réponses avec la presse, pendant plus de deux heures.
Le président congolais, arrivé au bout de ses deux mandats constitutionnels depuis le 20 décembre 2016, n'a pas répondu formellement à la question de savoir s'il ne serait pas candidat à un troisième mandat, ce que lui interdit la Constitution.
Une quinzaine de personnes sont mortes en RDC dans la répression de marches interdites les 31 décembre et 21 janvier demandant entre autres au président de déclarer publiquement qu'il ne briguera pas de troisième mandat.
Soutenu par l'opposition politique et l'influent épiscopat, le comité laïc de coordination demande au président Kabila de dire publiquement qu'il ne briguera pas un troisième mandat comme le prévoit la Constitution.
M. Kabila a défendu le processus électoral en République démocratique du Congo où ses adversaires l'accusent régulièrement de vouloir rester au pouvoir par la répression.
Pour sa première apparition depuis 2012 devant les médias réunis au palais de la Nation, le président congolais s'en est aussi pris aux Nations unies et certains "partenaires", dont la Belgique, en bottant en touche une ou deux questions sensibles.
"L'objectif in fine c'est l'organisation des élections. Mais comme en 2006 et en 2011, il y a une résistance farouche de la part d'une frange de l'opposition, d'une frange de ce qu'on appelle la société civile, de la part d'un homme de Dieu", a énuméré le président, visant le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa.
Le deuxième et dernier mandat du président Kabila a pris fin le 20 décembre 2016 d'après l'actuelle Constitution. La commission électorale a annoncé des élections pour le 23 décembre 2018.
Abordant les questions sécuritaire, politique et diplomatique, le président congolais a déclaré vouloir "clarifier nos relations avec la Monusco (Mission de l'ONU en RDCongo", après une "incompréhension".
"On a l'impression qu'elle a comme vocation de rester", a-t-il déploré, ajoutant qu'il n'y a pas une "co-gestion" de la RDC par Kinshasa et l'ONU.
Il a rappelé que la RDC avait (en 2010) "exigé du secrétaire général de l'ONU de préparer un plan de retrait".