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Kabila quitte la scène mais reste en coulisses


Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, dans un jardin de son ranch personnel le 10 décembre 2018, à Kinshasa.
Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, dans un jardin de son ranch personnel le 10 décembre 2018, à Kinshasa.

A 47 ans, le président congolais Joseph Kabila est loin de songer à une retraite politique s'il devient le premier "ex-président" à avoir quitté le pouvoir par les urnes en République démocratique du Congo.

"En tout cas, je ne songe pas à aller en vacances aux Bahamas, ni même en Espagne, à Dubaï ou ailleurs", a lancé M. Kabila au quotidien belge Le Soir avant les élections prévues le 30 décembre.

Tous ses prédécesseurs ont été tués ou renversés, à commencer par son père Laurent-Désiré, qu'il a remplacé après son assassinat du 16 janvier 2001.

Que va faire celui qui est encore le plus jeune chef d’État africain si la RDC réussit son pari: une première transmission pacifique du pouvoir ?

"Blague à part, je resterai certainement dans mon pays, où je vais m’occuper de beaucoup de choses", avait-il ajouté devant la journaliste du Soir.

"Dans la vie comme en politique, je n'exclus rien", a-t-il ajouté devant des médias britanniques et américains, à qui il a suggéré d'attendre jusqu'en 2023 la réponse sur son avenir politique.

La date n'est pas choisie au hasard. Si les élections se déroulent comme prévu, le successeur de M. Kabila sera élu pour un mandat de cinq ans, jusqu'en 2023, selon la Constitution.

La Loi fondamentale prévoit "un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois".

Avec deux ans de retard, M. Kabila a choisi en août de ne pas briguer par la force un troisième mandat consécutif.

M. Kabila a désigné in extremis un "dauphin", l'ex-ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, qui a évidemment pour mission de remporter l'élection présidentielle de 2018.

Le président congolais a déjà préparé son avenir matériel et politique. "Je vais aussi m’occuper de mes fermes", a-t-il avancé au Soir, référence à ses propriétés rurales de Kingakati près de Kinshasa ou dans le Katanga.

Haute main sur l'armée

Une enquête de l'agence Bloomberg en décembre 2016 avait avancé que lui et sa famille s'étaient constitués "un réseau de 'business' qui s'étend à tous les recoins de l'économie congolaise".

D'un point de vue politique, la Constitution garantit à l'ancien président de la République un poste de sénateur à vie.

De plus, le président Kabila a pris soin de constituer une coalition politique des cadres de sa majorité, le Front commun pour le Congo (FCC). M. Kabila reste "l'autorité morale" du FCC selon l'expression consacrée en RDC.

Par ailleurs, l'actuel président garde la haute main sur l'armée et l'appareil sécuritaire, les pivots de l’État congolais.

A la veille de désigner son "dauphin" le 8 août, M. Kabila était apparu sur les ondes de la chaîne d’État RTNC pour installer un nouvel état-major, avec à sa tête le général Célestin Mbala.

M. Kabila a aussi promu au poste d'inspecteur général des armées John Numbi, soupçonné d'être responsable de la mort du militant des droits de l'Homme Floribert Chebeya et de son chauffeur.

John Numbi fait partie des 14 personnalités congolaises sanctionnées par l'Union européenne pour "violations des droits de l'Homme".

"Moi, je fais pleinement confiance à tous ceux qui ont été sanctionnés, et surtout les officiers", a lancé M. Kabila au Soir, en dénonçant ces sanctions.

Parmi les 14 sanctionnés, figurent deux autres fidèles du président Kabila, qui occupent deux postes ultra-stratégiques dans l'appareil sécuritaire: les patrons des renseignements intérieurs et militaires.

Une source de la présidence explique en substance: Kabila va continuer à contrôler la sécurité et le jeu politique. Le président élu gérera les affaires courantes et l'économie.

Encore faut-il que les conditions politiques permettent à M. Kabila de vraiment quitter le pouvoir. La période s'annonce très agitée entre le jour des élections, la proclamation des résultats prévue le 30 décembre, les recours très probables devant la Cour constitutionnelle, et la "prestation de serment" du nouveau président élu annoncée pour le 12 janvier 2019.

"Le président de la République reste en fonction jusqu'à l'installation effective du nouveau président élu", rappelle opportunément la Constitution.

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