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Le Sénat examine la destitution du vice-président kényan


À Nairobi, un homme lit le quotidien Daily Nation qui titre sur la destitution du vice-président Rigathi Gachagua, le 9 octobre 2024.
À Nairobi, un homme lit le quotidien Daily Nation qui titre sur la destitution du vice-président Rigathi Gachagua, le 9 octobre 2024.

Le Sénat kényan a commencé mercredi l'examen de la destitution du vice-président Rigathi Gachagua, dans une accélération du processus vers une révocation inédite du N.2 de l'Etat, en conflit depuis plusieurs mois avec le président.

La chambre haute du parlement avait sept jours pour se saisir de ce dossier, mais l'a placé à l'ordre du jour de sa session de mercredi, quelques heures à peine après un vote de l'Assemblée nationale. Les débats ont débuté vers 11h locale (8h TU). Le Sénat a désormais dix jours pour se prononcer sur le texte, qui devra réunir 45 voix (sur 68) pour être adopté.

Mardi soir, les députés ont approuvé, par 282 voix sur 349, une motion demandant la destitution de M. Gachagua sur la base de onze motifs dont ceux d'"atteinte à l'unité nationale", d'"insubordination" envers le président ainsi que de nombreuses suspicions de "crimes économiques" (détournements de fonds publics, conflits d'intérêts, abus de pouvoir...).

Rigathi Gachagua, 59 ans, clame son innocence et a promis lors d'une conférence de presse lundi soir de se battre "jusqu'au bout", y compris en justice, contre cette procédure qu'il a qualifiée de "pure propagande" et de "complot visant à (le) chasser du pouvoir", avec l'approbation du chef de l'Etat. Il a exclu de démissionner, une option qui lui permettrait d'éviter une destitution synonyme de non-éligibilité à vie à toute fonction publique. En cas d'adoption, il deviendrait le premier vice-président écarté du pouvoir dans le cadre d'une telle procédure, instaurée dans la Constitution de 2010.

Réputation sulfureuse

Cette procédure inédite, lancée le 1er octobre par un député de la coalition présidentielle (Kenya Kwanza), marque le point culminant de plusieurs mois de conflit entre William Ruto et son adjoint. Le président, qui est resté silencieux sur le sujet, avait choisi M. Gachagua comme colistier pour la présidentielle d'août 2022, malgré sa réputation sulfureuse déjà marquée par plusieurs accusations de corruption. Doté d'un solide réseau d'influence notamment dans la région stratégique du Mont Kenya, cet ancien homme d'affaires de l'ethnie kikuyu - majoritaire dans le pays - a joué un rôle crucial dans la victoire de M. Ruto face à son rival Raila Odinga (50,49% contre 48,85%).

Mais les relations entre les deux hommes à la tête de l'Etat se sont détériorées notamment depuis un mouvement de contestation antigouvernementale qui a secoué le pays en juin et juillet. Ses détracteurs l'accusent de ne pas avoir soutenu le chef de l'Etat face aux manifestations qui demandaient sa démission. La répression de ce mouvement a fait plus de 60 morts.

Héritage

La motion en destitution l'accuse notamment d'avoir, au cours des deux dernières années, "accumulé de manière inexplicable un portefeuille immobilier colossal estimé à 5,2 milliards de shillings (environ 36 millions d'euros), provenant principalement de produits présumés de la corruption et du blanchiment d'argent". "La valeur des biens et des richesses que Son Excellence Rigathi Gachagua a acquis au cours des deux dernières années est incompatible avec ses revenus légitimes connus (environ 12 millions de shillings par an, environ 83.000 euros)", ajoute-t-il.

Face à la presse lundi soir, il a réfuté point par point les accusations, notamment sur son patrimoine qu'il dit avoir hérité de son frère et qu'il a également constitué légitimement lorsqu'il était dans le monde des affaires. En 1989, le vice-président Josephat Karanja avait démissionné dans des conditions similaires, avant un vote de défiance l'accusant de saper l'autorité du président Daniel arap Moi.

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