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Un mort en marge d'une manifestation anti-taxes au Kenya


Un manifestant réagissant aux tirs de gaz lacrymogène de la police lors d'une manifestation contre les nouvelles taxes devant le parlement le 20 juin 2024
Un manifestant réagissant aux tirs de gaz lacrymogène de la police lors d'une manifestation contre les nouvelles taxes devant le parlement le 20 juin 2024

Un manifestant a été tué par balle jeudi soir dans la capitale kényane Nairobi en marge d'un rassemblement organisé contre le projet de budget du gouvernement prévoyant d'instaurer de nouvelles taxes, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.

L'Autorité indépendante chargée de la surveillance de la police (IPOA) a annoncé dans un communiqué avoir "ouvert ce matin (vendredi) une enquête" pour déterminer les circonstances de la mort d'un homme "prétendument à la suite de tirs de la police".

De nombreux manifestants se trouvaient jeudi soir dans le centre d'affaires de Nairobi où durant toute la journée, plusieurs milliers de jeunes s'étaient rassemblés pour protester contre le projet de budget du gouvernement du président William Ruto.

Selon un porte-parole d'Amnesty International Kenya, Mathias Kinyoda, "un manifestant a été tué par balle dans le CBD (centre d'affaires, ndlr) alors qu'il tentait de fuir la police". "La personne qui a tiré était en civil mais il accompagnait la police", a-t-il souligné.

Dans un rapport consulté par l'AFP, la police de Nairobi a fait état d'un homme de 29 ans conduit jeudi vers 19H00 locales (16H00 GMT) dans un hôpital de l'avenue Moi, dans le centre d'affaires de la capitale kényane, "inconscient avec une blessure à la cuisse" avant de "succomber" à ses blessures. Aucun détail n'est donné sur la nature de la blessure et les circonstances de la mort.

"C'était un policier"

Un témoin interrogé par l'AFP accuse la police. "Nous avons vu ce qui s'est passé", a-t-il affirmé, disant s'être trouvé au deuxième étage des Union Towers, situé sur l'avenue Moi. "Nous pouvions voir la police ouvrir le feu sur le groupe qui était rassemblé là", a-t-il déclaré: "C'était un policier portant une casquette de baseball parce qu'il descendait d'un véhicule de police et y est remonté en courant".

Des manifestations ont eu lieu jeudi dans de nombreuses villes du Kenya, dans le cadre d'un mouvement de contestation baptisé "Occupy Parliament" ("Occuper le Parlement") lancé la semaine dernière sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre politique, et qui mobilise fortement la jeunesse. Selon plusieurs organisations, dont Amnesty International Kenya, au moins 200 personnes ont été blessées jeudi lors du rassemblement à Nairobi. La Croix-Rouge kényane a affirmé que huit se trouvaient dans un état grave.

La police kényane a été accusée par le passé de violations graves des droits humains. Des manifestations contre la vie chère, à l'appel de l'opposition, avaient donné lieu l'an dernier à des pillages et des affrontements meurtriers au Kenya, faisant au moins 50 morts selon les ONG.

Retrait total

Le projet de budget est actuellement en débat au Parlement, en vue d'un vote final avant le 30 juin. Après une première mobilisation qui avait rassemblé des centaines de personnes à Nairobi mardi, le gouvernement est revenu sur la plupart des dispositions du projet de budget, notamment l'instauration d'une TVA de 16% sur le pain ou d'une taxe sur les voitures des particuliers.

Mais les manifestants demandent le retrait total du texte. Ils dénoncent également la volonté du gouvernement de compenser le retrait de taxes annoncé par d'autres mesures fiscales (hausse des taxes sur les carburants et les produits exportés notamment). Cela risque, selon eux, d'amputer leur pouvoir d'achat, déjà grevé par les hausses l'an dernier de l'impôt sur le revenu et des cotisations santé et le doublement de la TVA sur l'essence.

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Pour le gouvernement, ces mesures fiscales sont nécessaires pour redonner des marges de manoeuvre au pays, lourdement endetté. Le Kenya, l'une des économies les plus dynamiques d'Afrique de l'Est, a enregistré en mai une inflation de 5,1% sur un an, avec une hausse des prix des produits alimentaires et des carburants respectivement de 6,2% et 7,8%, selon la Banque centrale.

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