"Au vu de l'échelle à laquelle ces crimes ont été commis, des excuses de la part du Vatican seraient amplement justifiées", a soutenu le gouvernement rwandais dans un communiqué publié mercredi soir, assurant que de telles excuses avaient déjà été présentées par l'Eglise catholique pour des crimes selon lui "de plus petite ampleur".
Dimanche, une lettre d'excuses signée par les évêques des neuf diocèses du Rwanda avait été lue dans les églises du pays à l'occasion de la clôture par le pape François de l'"Année sainte de la miséricorde".
L'évêque Philippe Rukamba, président de la Commission épiscopale rwandaise, avait toutefois précisé qu'il s'agissait d'une demande de pardon pour des individus et non pour l'Eglise en tant qu'institution. "L'Eglise n'a pas participé au génocide", avait-t-il affirmé, rappelant que l'Eglise catholique rwandaise avait déjà formulé des excuses similaires en 2000.
Kigali a qualifié ces excuses de "profondément inadéquates". "Elles permettent uniquement de mettre en lumière la distance qui sépare l'Eglise catholique d'une reconnaissance complète et honnête de ses responsabilités morales et légales", a estimé le gouvernement.
"Toutes les preuves historiques contredisent cette affirmation clivante", a-t-il ajouté, regrettant par ailleurs que certains prêtres ont refusé, selon lui, de lire la lettre d'excuses.
Depuis la fin du génocide, qui a fait 800.000 morts en 1994 selon l'ONU, essentiellement parmi la minorité tutsi, l'Eglise catholique a été à plusieurs reprises mise en cause pour sa proximité avec le régime hutu extrémiste de l'époque et pour l'implication de prêtres et de religieux dans les massacres.
Entre avril et juillet 1994, de nombreuses églises furent le théâtre de tueries de masse, les miliciens hutu y trouvant leurs victimes rassemblées - parfois par des prêtres qui livraient ensuite leurs ouailles aux tueurs - et sans échappatoire.
Plusieurs prêtres, religieux et religieuses catholiques du Rwanda ont été jugés pour participation au génocide, principalement par les tribunaux rwandais, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ou la justice belge. Certains ont été condamnés, d'autres ont été acquittés.
Environ la moitié des Rwandais sont aujourd'hui catholiques, alors que beaucoup se sont tournés depuis la fin du génocide vers les églises pentecôtistes dites "de réveil".
Avec AFP