Son porte-parole, Lambert Mende, rappelle, dans un communiqué, que la liberté de manifestation publique, garantie par la Constitution, est soumise au respect de la loi qui en détermine les conditions.
Kinshasa répond en fait aux multiples demandes qu’il a reçues des organisations des droits et des Nations unies pour laisser l’opposition manifester.
“Le Gouvernement souhaite que ses partenaires institutionnels comme le Bureau Conjoint des Nations Unies au Droit de l’Homme s’efforcent de contribuer à la stabilisation du pays par le renforcement de l’autorité de l’État en s’abstenant d’entretenir toute forme de confusion”, affirme M. Mende dans le communiqué.
La veille, la police congolaise a annoncé qu’elle ferait respecter l’interdiction de toute manifestation publique décidée par le gouvernorat de Kinshasa après les manifestations violentes qui ont fait les 19 et 20 septembre entre 30 et 100 morts dans des échauffourées entre police et protestataires demandant au président Kabila de quitter le pouvoir au 20 décembre.
"Aucune perturbation de l'ordre public ne serait tolérée", avait indiqué la police, annonçant avoir renforcé sa présence dans les coins stratégiques du pays.
L’opposition tient pour sa part à braver cette interdiction, se basant sur la Constitution qui ne conditionne les manifestations que par une lettre d’information à l’autorité.
“Notre meeting se tiendra bel et bien et nous ne sommes pas intimidés par ces menaces. Et au cas ils s’en prendraient à la population, ils porteront la lourde responsabilité des conséquences qui adviendront comme ce fut le cas les 19 et 20 septembre 2016“, soutient Jean Marc Kabund, secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps), parti d’Etienne Tshisekedi, principal opposant.
Plusieurs ONG locales et internationales mais aussi le Bureau Conjoint des Nations Unies au Droit de l’Homme ont demandé au gouvernorat de lever l’interdiction et laisser les Congolais manifester librement.
L’ONU appelle à la retenue
L'ONU a appelé le pouvoir congolais et l'opposition à la "retenue", à la veille de cette manifestation.
"Je voudrais lancer un appel (aux) organisateurs (du) meeting et leurs militants, ainsi qu'aux forces de l'ordre de la province de Kinshasa censées encadrer cet événement, de faire preuve de retenue et de responsabilité", indique une déclaration du bureau du chef de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco), Maman Sambo Sidikou.
"Les Congolais, de tous bords, doivent dans un sursaut patriotique privilégier l'intérêt supérieur de la RDC en tournant le dos à la violence", ajoute-t-il.
Le "Rassemblement", une coalition réunie autour de l'opposant historique de RDC, Étienne Tshisekedi a appelé à l'organisation d'un meeting populaire sur "les enjeux politiques de l'heure" samedi à Kinshasa, non loin du parlement.
La RDC traverse une crise politique profonde aggravée par le report à avril 2018 de la présidentielle qui devait être organisée avant la fin de cette année.
Ce renvoi avait été convenu en octobre entre la majorité et une frange minoritaire de l'opposition à l'issue d'un dialogue politique.
Le "Rassemblement", qui avait boycotté ce forum, a rejeté ses conclusions, exigeant le départ du président Joseph Kabila du pouvoir à la fin de son mandat, le 20 décembre.
Selon la Monusco, les "contacts constructifs entre les deux camps" sont en cours par le truchement des évêques catholiques sur demande de M. Kabila qui est au pouvoir depuis 2001 et auquel la Constitution interdit de se représenter.
Jeudi, la police a promis qu'elle ferait respecter la mesure prise par les autorités urbaines interdisant toute manifestation à caractère politique non autorisée à Kinshasa et ajouté "qu'aucune perturbation de l'ordre public ne serait tolérée".