"En raison de votre qualité d'ancien président de la République, dans l'intérêt de l'administration de la justice j'effectuerai le vendredi 7 juin à 15 heures 30 minutes, un transport à votre domicile en vue de vous entendre dans la dite procédure", a écrit le juge Aubert Kodjo dans une lettre adressée à Boni Yayi et dont l'AFP s'est procuré copie.
Boni Yayi, qui a dirigé le Bénin d'avril 2006 à avril 2016 avant l'élection de l'actuel président Patrice Talon, n'a plus été aperçu depuis le 1er mai dernier, après une déclaration demandant l'arrêt du processus électoral.
Symbole de l'opposition béninoise, dont la majorité des leaders sont actuellement en exil, il avait notamment appelé la population à se soulever, arguant que les députés élus entreraient au parlement "sur les corps" des manifestants, s'il le fallait.
Depuis cette date, l'ancien chef de l'Etat est assigné à résidence, et la police a posé un conteneur devant son garage, mercredi, empêchant toute sortie de véhicule.
"Nous attendons de voir jusqu'où ira le pouvoir Talon dans la violation des droits de son prédécesseur", a confié au téléphone à l'AFP l'un de ses proches.
Les 1er et 2 mai, quelques jours après les élections législatives, auxquelles l'opposition n'avait pu présenter de candidats et qualifiées de "coup d'Etat électoral" par l'ex-président, des centaines de ses partisans étaient descendus dans les rues, de crainte de le voir arrêté.
L'armée et la police ont finalement délogé les manifestants en ouvrant le feu sur la foule. Les manifestations dans le pays ont fait au moins "4 morts par balle", selon Amnesty International, et sept, selon l'opposition.
Une soixantaine de personnes ont été arrêtées à la suite de ces manifestations. Ils ont été présentés au tribunal il y a quelques jours, puis ont été renvoyés en détention par un tribunal de Cotonou.
Ils sont notamment accusés de participation à un attroupement armé, appel et incitation à la haine et à la rébellion, violences, entrave à la justice ou "charlatanisme contre l'Etat béninois".
Parmi les personnes jugées, figure Philippe Aboumon, un proche parent de l'ancien président Boni Yayi, poursuivi pour "incitation à la haine et à la violence sur les réseaux sociaux", et Denis Djossou, un revendeur, dont la main à été amputée après l'explosion d'une grenade lacrymogène.