Entre caniveaux souvent bouchées et curages sauvages des latrines, les autorités et les citoyens essaient de trouver des idée pour améliorer leurs conditions de vie.
L’association des vidangeurs manuels "Abase" a finalement trouvé la solution.
Depuis 7 heures du matin, un des équipes de l’association Abase est sur le terrain. Ils ont une latrine à curer, leur quotidien.
En maître d’œuvre, le président de l’association des cureurs manuels de la capitale et responsable d'Abase, Alidou Bandé, estime avoir dompté la honte qui entourait ce métier et l’avoir professionnalisé.
"C’est une association œuvrant dans le domaine de l’assainissement, et plus spécifiquement, le curage des latrines 'non vidangeable' mécaniquement", explique-t-il.
"Au début, on travaillait dans le noir, on se cachait pour faire le travail. On venait dépoter dans les ménages, devant les portes", se souvient-il.
"Il fallait faire la nuit, on ne voulait pas se faire voir ! Avec beaucoup de travail, on a pu acquérir deux tricycles et commencé à travailler pendant la journée", raconte-t-il.
Depuis sa création en 2012, l’association Abase est passée de deux à six tricycles. Elle joue un rôle de plus en plus important dans la société, comme le reconnaît Pierre Tassembedo, un client.
"En tout cas, j’apprécie leur travail. Grâce à eux, on peut assainir. C’est pour cela nous les avons appelle pour venir faire le travail", explique Pierre Tassembedo.
Mais cela ne signifie pas pour autant que tout va bien, précise Alidou Bandé.
"On partait dépoter au Bas-fonds, les riverains se sont plaints que les odeurs les dérangeaient, donc il a fallu trouver une solution", souligne-t-il.
"Mais bon, nous sommes incontournables puisque si ta latrine est remplie, les camions vidangeurs ne peuvent pas venir vider, tu ne peux pas venir dépoter dans les ménages, donc tu es obligé d’appeler les vidangeurs manuels qui vont venir curer et aller jeter", confie-t-il.
C'est donc à ce moment qu'Alidou a "pris 10 personnes", qu'il a "équipés" et "voilà comment l’association a commencé".
"On a fait le tour tous les 10 arrondissements de la ville de Ouagadougou", se rappelle-t-il, "on a pu rencontrer plus de 200 vidangeurs manuels: s'ils ont le matériel, ils peuvent travailler et sortir de la pauvreté".
Vingt-cinq personnes vaccinées et équipées font tourner un service professionnalisé, mais les obstacles sont encore nombreux comme leurs coûts, qui font toujours l’objet de chaudes discussions.
Dans la famille Tassembedo, les prix sont élevés selon Pierre, père de famille.
"Ils sont chers parce que pour un travail comme ça, ce n’est pas moins de 50 000 francs", explique Pierre Tassembedo.
Avec des coûts moyens de 35 000 francs CFA par curage pour des latrines régulières, c’est la charge de travail supplémentaire exigeant beaucoup plus que de nature, qui élève les coûts.
Mais comme le souligne Alidou Bandé, "tu essaies de connaître la profondeur de la fosse avant de discuter le prix, il y a la pauvreté aussi qui sévit", ce qui les pousse à essayer de tirer les prix vers le bas.
En plus de faire plus dans le prix social au vu du faible pouvoir d’achat de la majorité des Burkinabè, Alidou Bandé et ses hommes se disent fiers de contribuer à la protection de l’environnement et à l’assainissement d'Ouagadougou.
Ils n’attendent plus qu’un soutien des autorités municipales ou de mécènes pour améliorer leur travail.
Issa Napon, correspondant à Ouagadougou