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L'avocat de Bill Cosby s'en prend à une victime présumée


Photos combinées d'Andrea Constand et de Bill Cosby à l'entrée du tribual le 6 juin 2017, Norristown, Pennsylvanie.
Photos combinées d'Andrea Constand et de Bill Cosby à l'entrée du tribual le 6 juin 2017, Norristown, Pennsylvanie.

Lors du second procès de l'acteur américain, son avocat s'en est pris frontalement à la victime présumée, accusée d'être "un escroc" qui s'est enrichi sur le dos d'un homme blessé.

Comme il l'avait laissé entendre, Tom Mesereau a adopté la même ligne de défense que pour un autre célèbre client, le chanteur américain Michael Jackson, dont il avait obtenu l'acquittement spectaculaire en 2005.

D'un côté, une célébrité, riche, de l'autre, un anonyme qui flaire la bonne affaire.

"Que veut-elle de Bill Cosby ? ", a lancé aux douze jurés le conseil au sujet d'Andrea Constand, victime présumée du comédien. "Vous connaissez déjà la réponse : de l'argent, de l'argent et encore plus d'argent."

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L'ouverture de Tom Mesereau intervenait au lendemain de la révélation publique du montant versé, en 2006, par Bill Cosby à Andrea Constand, soit 3,38 millions de dollars, pour mettre fin à une procédure civile intentée contre lui.

Fin 2015, le procureur du comté de Montgomery, Kevin Steele, avait décidé de rouvrir le dossier, qui n'avait donné lieu à aucune poursuite pénale malgré le dépôt d'une plainte en 2005.

Bill Cosby est accusé d'avoir agressé sexuellement Andrea Constand, ancienne cadre universitaire, à son domicile en janvier 2004, après lui avoir fait avaler un puissant sédatif.

"Qu'avez-vous dans ce dossier ? Un escroc", a appuyé Tom Mesereau, dans son propos liminaire, au deuxième jour du procès du créateur de la série "The Cosby Show" (1984-1992).

"Elle est aujourd'hui millionnaire parce qu'elle a réussi son coup", a expliqué, dans le tribunal de Norristown (Pennsylvanie), l'avocat californien, qui a aussi compté parmi ses clients le boxeur Mike Tyson.

- "Il se sentait seul" -

Pour étayer sa démonstration, Tom Mesereau compte également s'appuyer sur le témoignage d'une ancienne collègue d'Andrea Constand à l'université de Temple, selon laquelle l'ancienne basketteuse se serait vantée de pouvoir "prendre au piège une célébrité".

Ecarté par le juge Steven O'Neill lors du premier procès, annulé en juin faute d'unanimité du jury, ce témoignage a été, cette fois, admis par le magistrat.

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"Nous allons vous demander de rester concentrés sur le ballon", a exhorté Tom Mesereau, usant de la métaphore sportive. "Cela s'appelle l'accusation par la distraction. Quand votre dossier est vide, vous passez le temps avec autre chose."

"Follement attirée par sa célébrité et sa fortune", selon l'avocat, Andrea Constand a manipulé un homme moralement amoindri, qui ne s'était pas remis de la mort de son fils Ennis, en janvier 1997, tué d'une balle dans la tête à Los Angeles lors d'un vol à main armé.

"Il se sentait seul et était perturbé", a décrit Tom Mesereau. "Et il a commis la terrible erreur de confier à cette personne ce qu'il vivait à l'époque."

Le conseil de Bill Cosby a enchaîné en relevant les quelques incohérences dans les déclarations d'Andrea Constand, principalement relatives à la chronologie des événements, et souligné le manque de preuves matérielles.

"Il était ridicule, seul, attiré par une jeune femme et il a fait l'idiot, mais il n'a pas commis de crime", a martelé Tom Mesereau.

Face à cette entreprise de décrédibilisation, l'accusation veut mettre en évidence une pathologie et un modus operandi criminel répété maintes fois par Bill Cosby sur des décennies.

Plus de 60 femmes ont accusé Bill Cosby de les avoir abusées sexuellement au fil des années, même si le dossier d'Andrea Constand -qui aura 45 ans mercredi- est le seul dont les faits ne soient pas prescrits.

L'accusation a obtenu de pouvoir citer à témoigner cinq d'entre elles, en plus d'Andrea Constand. Toutes affirment avoir été, elles aussi, victimes d'abus après avoir été droguées.

S'il est déclaré coupable, Bill Cosby -qui a toujours assuré qu'Andrea Constand était consentante- risque jusqu'à trente ans de prison.

Avec AFP

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