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L'ex-argentier de Kadhafi évoque des versements occultes à Sarkozy


Le leader libyen Mouammar Kadhafi et le président français Nicolas Sarkozy posent lors de la signature de 10 milliards d'euros de contrats commerciaux, à Paris, le 10 décembre 2007.
Le leader libyen Mouammar Kadhafi et le président français Nicolas Sarkozy posent lors de la signature de 10 milliards d'euros de contrats commerciaux, à Paris, le 10 décembre 2007.

L'ancien grand argentier de Mouammar Kadhafi, Bachir Saleh, a évoqué des versements occultes du régime libyen à Nicolas Sarkozy pour financer sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, dans un reportage diffusé mardi sur la chaîne France 2.

Dans un premier temps, face caméra, l'ex-patron du fonds souverain Libyan Investment Authority assure "n'avoir aucune information" sur une éventuelle remise d'argent à l'ancien chef de l'État français.

Puis, M. Saleh est de nouveau interrogé par le journaliste, mais cette fois sans savoir qu'il est filmé.

"Là, vous venez de me dire que ça a eu lieu", relève le journaliste dans une allusion à un possible financement occulte.

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"Oui, c'est vrai. Mais avec qui ? Moi ? Ce n'est pas mon canal", lui répond l'ancien homme de confiance de Kadhafi dans cet entretien réalisé en septembre.

"Kadhafi avait un budget spécial pour les personnes qu’il voulait soutenir", ajoute-t-il, chiffrant à "350" millions d’euros les fonds disponibles, sans toutefois préciser leur destination.

Homme-clé du dossier et exilé en Afrique du Sud, Bachir Saleh a toujours refusé de répondre aux questions des enquêteurs en France.

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"Je reste très prudent sur la manière dont cet entretien en caméra cachée auquel je n'ai pas assisté a été réalisé et restitué", a réagi auprès de l'AFP son avocat Me Eric Moutet.

En mars, ce tentaculaire dossier a valu à Nicolas Sarkozy une mise en examen (inculpation) pour "corruption passive", "financement illégal de campagne électorale" et "recel de détournement de fonds publics libyens". L'ancien président a toujours vigoureusement contesté avoir reçu des fonds de Kadhafi, tué en 2011 après avoir été évincé du pouvoir.

Des magistrats du pôle financier instruisent depuis cinq ans cette affaire, déclenchée par la publication en mai 2012 par le site Mediapart d'un document libyen évoquant un financement occulte d'environ 50 millions d'euros afin notamment de permettre à la Libye de sortir de son isolement diplomatique.

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Plusieurs protagonistes, dont d'ex-responsables libyens, ont accrédité la thèse de versements illicites.

L'ex-Premier ministre Baghdadi Al-Mahmoudi a raconté que, pendant la campagne électorale de 2007, Claude Guéant, directeur de campagne, avait "contacté certains de ses amis comme Bachir Saleh". Ce dernier a notamment remis à M. Guéant lors d'une rencontre dans un hôtel parisien "des billets en dollars et en euros déposés dans une valise", selon son récit.

Bachir Saleh, grièvement blessé par balles lors d’une attaque en février à Johannesburg, est aussi au coeur de la vente suspecte en 2009, pour 10 millions d'euros, d'une villa à Mougins (sud-est de la France) au fonds qu'il dirigeait. Une transaction qui aurait pu être effectuée pour dissimuler d'éventuels versements occultes.

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Le sulfureux homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine a lui-même assuré avoir remis entre fin 2006 et début 2007 trois valises contenant 5 millions d'euros en provenance du régime de Kadhafi à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à Claude Guéant, lui aussi mis en examen dans ce dossier.

Mais d'autres dignitaires libyens ont démenti tout financement occulte. Et aucune preuve matérielle n'a été à ce jour obtenue par les enquêteurs.

Avec AFP

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