M. Obasanjo, qui avait soutenu l'actuel président lors de son élection en 2015, n'a cessé ces derniers mois de critiquer son bilan, et a cette fois apporté son soutien au principal candidat de l'opposition à la présidentielle, Atiku Abubakar.
"Personnellement, j'ai des doutes sérieux quant à l'intégrité, à l'impartialité et à la compétence actuelles de l'INEC (Commission électorale nationale, ndlr) pour organiser des élections justes, libres et crédibles", affirme Obasanjo dans une cinglante lettre ouverte.
Il s'en est ensuite pris directement à Buhari, l'accusant de recruter des agents pour falsifier les résultats des élections avant le scrutin.
"Ses hommes de main travaillent jour et nuit avec la sécurité et les responsables des élections pour perfectionner leur plan en calculant les résultats, de la commune au gouvernement local, des États à l'échelle national, pour lui attribuer ce qui ressemblera à une victoire écrasante", a-t-il dénoncé.
M. Obasanjo a ensuite comparé le chef de l'Etat à l'ancien dictateur Sani Abacha, qui a dirigé le Nigeria de main de fer entre 1993 et 1998, affirmant qu'il était prêt à tout pour se maintenir au pouvoir.
"Dans un désespoir fou, Buhari poursuit le même chemin", a-t-il dit.
Obasanjo et Buhari sont tous deux d'anciens généraux ayant accédé au pouvoir à la suite de coups d'Etat dans les années 70 et 80, avant de devenir des présidents démocratiquement élus.
Le principal rival de Buhari à la présidentielle, Atiku Abubakar, fut le vice-président d'Obasanjo pour le Parti démocratique du peuple (PDP) en 1999, mais leurs relations sont devenues exécrables quand Abubakar a voulu se présenter contre son mentor à la présidentielle de 2007.
Toutefois, la volonté d'Obasanjo de faire barrage à Muhammadu Buhari semble l'avoir emporté sur les vieilles rancoeurs.
Obasanjo avait déjà déclaré dans une lettre ouverte en janvier 2018 que Buhari ne devrait pas se présenter une deuxième fois et qu'il était temps de "prendre un repos mérité".
Le bilan sécuritaire et économique du président Buhari, 75 ans, qui représente le Congrès des progressistes (APC) est très critiqué dans le pays le plus peuplé d'Afrique.
Face à lui, Abubakar, 71 ans, est un autre vétéran de la politique qui a déjà tenté à quatre reprises de se présenter à la présidentielle au Nigeria.
C'est un homme d'affaires richissime dont la carrière a été ternie par de nombreuses allégations de corruption même s'il n'a jamais été poursuivi dans son pays.
Avec AFP