Crise dans la famille de l'ancien président angolais, José Eduardo dos Santos: une plainte a été déposée auprès de la police espagnole pour "complot" contre la vie de l'ex-chef de l'État, 78 ans, hospitalisé et dans un état comateux à la clinique Teknon de Barcelone depuis le 23 juin, après une chute à son domicile.
"Tchizé dos Santos, fille de l'ancien président angolais Eduardo dos Santos (...) a déposé une plainte (...) aux fins d'enquête sur la commission présumée des délits de tentative de meurtre, non assistance à personne nécessiteuse, négligence grave et de divulgation de secrets par des personnes de son entourage", a tweeté lundi le cabinet juridique Carmen Varela, depuis la ville espagnole.
Requête d'annulation de mariage
Selon la presse espagnole, la plainte vise l'ancienne première dame, Ana Paula dos Santos, ainsi que le médecin angolais qui assiste l'ex-chef de l'État depuis 16 ans, João Afonso.
Pour l'instant c'est Tchize dos Santos, ex-députée, qui est la seule membre de la famille à s'être exprimée en public sur l'affaire.
Selon deux juristes angolais contactés par le service en langue portugaise de la VOA, la crise dans la famille dos Santos découle d'une "animosité" due au manque de coopération entre les enfants et l'ancienne première dame d'Angola, épousée en secondes noces, avec laquelle José Eduardo dos Santos, au pouvoir de 1979 à 2017, a eu deux enfants.
Le 29 juin Tchizé dos Santos avait révélé que la progéniture de l'ancien chef de l'État avait engagé un avocat espagnol pour annuler le mariage entre M. et Mme dos Santos.
Selon le juriste Lindo Bernardo Tito, la justice espagnole n'est pas compétente pour se prononcer sur la dissolution d'un mariage reconnu par l'État angolais. Il estime toutefois qu'il est possible d'établir un constat d'abandon de foyer conjugal s'il s'avère que, comme l'affirme Tchizé dos Santos, Paula dos Santos ne vivait plus avec son mari depuis un certain temps. Le fait que dans leurs passeports l'adresse du domicile des deux est différente, peut constituer "la preuve qu'il n'y avait plus de communion de ménage entre eux", précise l'avocat.
Mais pour le juriste Albano Pedro, toute séparation du couple ne peut se faire qu'à la demande personnelle de José Eduardo dos Santos ou sous procuration signée par lui.
"S'agissant d'un mariage célébré sans vices et qui est en vigueur, même s'il y a une situation de séparation de corps, ce ne sont pas les enfants qui doivent intenter l'action, sauf si c'est le père qui a clairement manifesté ce désir", affirme l'avocat au micro de la VOA. En clair: les enfants - comme Tchizé dos Santos - n'ont pas l'autorité de formuler une demande de dissolution du mariage.
Impuissance de Luanda
Malgré leurs divergences de vues, les deux juristes s'accordent sur un point: un conflit juridique à ce stade "ne contribue pas positivement" à la stabilité émotionnelle dont José Eduardo dos Santos a besoin pour sortir de l'état de santé dans lequel il se trouve.
Pour sa part, le gouvernement angolais - qui ne peut pas intervenir auprès des hôpitaux car M. dos Santos n'est plus un agent de l'État - a rejeté les allégations selon lesquelles les autorités angolaises auraient demandé de déconnecter les machines qui maintiennent l'ex-président en vie.
"Nous sommes des Africains et nous avons une culture qui ne conduit pas à ce type d'hypothèse", a déclaré Tete António, ministre des Affaires étrangères d'Angola.
Adapté du portugais par VOA Afrique. Suivre le dossier en portugais >>