Mais cette décision de la plus haute instance constitutionnelle ne devrait changer, selon les experts, qu'à la marge les résultats des élections qui avaient donné la victoire à la liste du populiste Moqtada Sadr.
Alliée aux communistes, la liste de Sadr s'est imposée devant celle d'anciens combattants antijihadistes, proches de l'Iran. Celle de l'actuel Premier ministre Haider al-Abadi n'est arrivée qu'en troisième position.
Depuis la victoire de ces listes anti-système, des personnalités occupant la scène politique depuis des années mais victimes du "dégagisme" ambiant réclamaient un décompte des voix, voire une annulation du scrutin.
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Le Parlement a fait état d'irrégularités et dit avoir reçu de nombreuses plaintes avec l'introduction pour la première fois du comptage électronique.
- Des semaines ou des mois -
"La Cour suprême fédérale juge que la décision du Parlement (prise le 6 juin, ndlr) en faveur d'un comptage manuel ne viole pas les dispositions de la Constitution", a affirmé lors d'une conférence de presse son président, Medhat al-Mahmoud.
Il a précisé que le nouveau décompte concernait la totalité des quelque 11 millions de bulletins, y compris ceux de l'étranger, des déplacés et des forces de sécurité.
"L'annulation des résultats" pour ces trois catégories "serait une confiscation de la volonté des électeurs", a souligné le président de la Cour suprême, dont la décision est irrévocable.
Il répondait au Parlement qui proposait une annulation pure et simple du vote de ces catégories, sur lesquelles portent la plupart des soupçons de fraude.
Par ailleurs, la Cour a entériné la décision de remplacer les neuf membres de la Haute commission électorale indépendante (IHEC) par neuf juges, qui auront pour tâche de superviser l'opération. Ces juges seront déchargés de toutes leurs autres fonctions durant cette période, a précisé le président de la Cour.
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Ce nouveau comptage pourrait prendre des semaines, sinon des mois, alors que le mandat du Parlement prend fin officiellement le 30 juin.
Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Irak, Jan Kubis, dans un communiqué, s'est dit "confiant" sur la capacité d'effectuer ce recomptage "le plus rapidement possible, dans la plus grande transparence, ce qui accroîtra la confiance du public dans le processus électoral (...) et contribuera à légitimer les résultats".
- Pas de modification "radicale" -
Pour l'expert juridique Haidar al-Soufi, "cette opération manuelle ne devrait pas modifier de manière radicale le résultat".
"Les grands blocs pourraient gagner ou perdre trois ou quatre sièges, mais de toutes façons aucun n'a la possibilité de former tout seul un gouvernement, donc le système des alliances est obligatoire", a-t-il souligné à l'AFP.
Le système mis en place après la chute de Saddam Hussein en 2003 est calibré pour empêcher le retour à la dictature et au parti unique.
D'ailleurs, avant même la décision sur un nouveau décompte, les deux listes arrivées en tête ont annoncé une alliance surprise pour diriger le pays pendant les quatre années à venir.
C'est dans les régions sunnites et kurdes que le nouveau décompte pourrait avoir l'impact le plus sensible, estime Tarek al-Marmouri, un autre expert.
Pour lui, ce n'est pas le vote de l'étranger qui peut changer quoi que ce soit, car il ne représente que 3% des bulletins de vote. "C'est le recomptage des votes des déplacés dans les régions de Salaheddine, Anbar et Ninive qui peut modifier les résultats", a-t-il noté, en référence à ces régions sunnites.
"Au Kurdistan aussi, il pourrait y avoir des changements au détriment de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) qui a été le principal bénéficiaire du vote électronique", a-t-il ajouté.
Dans les provinces de Souleymanieh (Kurdistan) et Kirkouk (multi-ethnique), fief de l'UPK, plusieurs formations, notamment le parti contestataire Goran, s'étaient insurgés contre les résultats.
"Si les juges supervisent de manière efficace le nouveau comptage, j'espère que cela va réduire les fraudes", a par ailleurs avancé M. Marmouri.
Si le décompte manuel risque de prendre des semaines, "il y aura un vide législatif mais pas constitutionnel car le gouvernement actuel va continuer à traiter les affaires courantes", a-t-il ajouté.
Avec AFP