Ces sanctions, qui visent en tout quatre personnes et une banque, "s'appuient sur la décision" prise il y a une semaine par Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 "et de commencer à rétablir les sanctions américaines levées dans le cadre de cet accord, y compris contre la Banque centrale d'Iran", déclare le département du Trésor dans un communiqué.
Dans la foulée de l'annonce du président américain, le Trésor avait déjà annoncé jeudi de nouvelles mesures punitives contre un réseau de financement des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du pouvoir iranien.
Mardi, Washington vise donc le gouverneur de la Banque centrale Valiollah Seif.
Selon le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin, il a "fait passer clandestinement des millions de dollars, de la part de la Force Qods des Gardiens de la révolution", une unité chargée des opérations extérieures, "à travers al-Bilad Islamic Bank, basée en Irak, pour enrichir et soutenir les activités violentes et radicales du Hezbollah".
"Il est consternant, à défaut d'être surprenant, que le plus haut responsable bancaire iranien ait conspiré avec la Force Qods pour faciliter le financement de groupes terroristes comme le Hezbollah", ajoute-t-il dans ce communiqué.
A ses côtés, sont sanctionnés un autre haut responsable de la Banque centrale, Ali Tarzali, un représentant du Hezbollah accusé de travailler avec la Force Qods des Gardiens de la révolution, Muhammad Qasir, ainsi que la banque basée en Irak et son dirigeant Aras Habib.
Ce dernier était candidat à Bagdad, lors des législatives de samedi en Irak, sur la liste emmenée par le Premier ministre sortant Haider al-Abadi, soutenu par la communauté internationale et notamment par les Etats-Unis. En quatrième position, il devrait être en mesure de figurer parmi les députés élus.
- Mesures ciblées -Les nouvelles mesures annoncées mardi restent ciblées. En rétablissant toutes les sanctions levées depuis 2015, l'administration Trump a aussi menacé d'imposer d'autres sanctions économiques plus globales contre l'Iran.
Selon un responsable européen, certains dirigeants américains poussent pour un "scénario nord-coréen" en référence aux sanctions internationales drastiques imposées, à l'initiative des Etats-Unis, contre les ambitions nucléaires de la Corée du Nord, et dont le gouvernement américain affirme qu'elles sont à l'origine de la décision de Pyongyang de s'asseoir à la table des négociations.
Donald Trump a décidé de quitter l'accord de 2015 conclu par les grandes puissances avec l'Iran pour l'empêcher de se doter de l'arme atomique, reprochant à ce texte d'être trop laxiste à l'égard du programme nucléaire iranien, mais aussi de ne pas s'attaquer aux autres activités jugées "déstabilisatrices" de Téhéran au Moyen-Orient, notamment via des groupes alliés comme le Hezbollah.
Les autres signataires (Chine, Russie, France, Allemagne, Royaume-Uni) ont vivement déploré cette décision et tentent de convaincre l'Iran de rester dans l'accord, même si les Européens s'inquiètent aussi, comme Washington, du programme de missiles balistiques iranien et du rôle de la République islamique dans la région.
"La communauté internationale doit rester vigilante face aux efforts illicites de l'Iran pour apporter son soutien financier à ses supplétifs terroristes", estime Steven Mnuchin.
Selon le Trésor, ces mesures permettent de bloquer le recours par Téhéran à un "réseau bancaire très important". Les sanctions de jeudi dernier visaient aussi un réseau de financement à travers des transferts de devises entre les Emirats arabes unis et l'Iran.
"Ces actes sont la poursuite de la campagne agressive contre les Gardiens de la révolution et leurs supplétifs, menée par le Trésor sous cette administration", explique le ministère des Finances.
Avec AFP