Les bureaux de vote ont ouvert dans toute la France dimanche pour le premier tour de l'élection présidentielle, où près de 48 millions d'électeurs éligibles devront choisir entre 12 candidats.
Le président Emmanuel Macron, au pouvoir depuis 2017, brigue un second mandat de cinq ans, avec une forte contestation de l'extrême droite.
Si aucun candidat n'obtient plus de la moitié des voix au niveau national, un second tour décisif opposera les deux premiers candidats le dimanche 24 avril.
L'ombre de l'abstention plane sur ce scrutin. Nombre de politologues craignent que le record du 21 avril 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un 1er tour d'une élection présidentielle, puisse être battu, soit bien plus qu'en 2017 (22,2%).
Dans ce contexte, Marine Le Pen a depuis le début axé sa campagne sur le pouvoir d'achat, de même que Jean-Luc Mélenchon dont la formation appelle les électeurs de gauche au vote "utile" en sa faveur, plutôt qu'au profit des nombreux autres candidats de gauche, comme l'écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo ou le communiste Fabien Roussel.
Face à la possibilité d'une victoire finale de l'extrême droite, certains candidats ont déjà annoncé la position qu'ils adopteront dimanche soir: Fabien Roussel fera barrage à Mme Le Pen. Valérie Pécresse ne donnera pas de consigne mais dira pour qui elle votera au second tour.
L'effet Zemmour
Dans l'entourage de M. Macron, on admet que le réflexe du "front républicain", dont il avait bénéficié lors de son élection en 2017, n'est plus une évidence.
"Juste dire no pasarán ne marchera pas cette fois", concède ainsi un conseiller de la majorité.
Donnée finie après son échec de 2017, inquiétée par l'irruption sur la scène d'extrême droite du polémiste Eric Zemmour, Mme Le Pen a remonté la pente, allant jusqu'à se présenter, lors d'un dernier meeting vendredi, comme représentant "la France tranquille" face à un Emmanuel Macron "agressif" et "fébrile".
Par un effet de vase communicant, la fille et héritière politique du sulfureux tribun d'extrême-droite Jean-Marie Le Pen s'est retrouvée recentrée sur l'échiquier politique par Eric Zemmour.
M. Macron est lui entré très tardivement en campagne, jouant sur son image de commandant en chef accaparé par les crises sanitaire et internationale. Une posture qui l'a d'abord servi, mais qui a ensuite pu le faire apparaître comme déconnecté des préoccupations quotidiennes des Français. Son refus de se livrer à des débats télévisés avec les autres candidats a aussi alimenté l'idée qu'il tente d'enjamber le premier tour pour se concentrer sur le deuxième.
Prenant conscience du danger, le président sortant a appelé à partir de début avril à la "mobilisation" contre une extrême droite "banalisée", et affirmé vendredi avoir "l'esprit de conquête plutôt que l'esprit de défaite".