Un conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU a exhorté samedi à Kinshasa les autorités congolaises à "réduire la militarisation" du Kasaï et favoriser le dialogue pour mettre fin aux violences meurtrières entre l'armée congolaise et une rébellion depuis septembre.
"Il n'y a pas de génocide dans le Kasaï. Il y a aujourd'hui une violence qu'il faut terminer, faire cesser, et le plus rapidement possible", a-t-il ajouté au terme de sa visite de six jours en RDC.
"Il n'y a pas de solution militaire" mais il faut "progresser vers le règlement non-violent du conflit", a-t-il ajouté, alors que l'armée y mène "des opérations militaires d'envergure" contre des miliciens.
Pour prévenir de nouvelles atrocités dans le Kasaï, M. Dieng a appelé la justice militaire congolaise à "accroitre significativement ses efforts" pour poursuivre "avec la plus grande fermeté" et de manière "crédible et systématique" les responsables des crimes commis par les miliciens et par les forces de sécurité.
Il a exhorté la justice militaire à solliciter "d'urgence" l'expertise internationale là où cela est "nécessaire".
Depuis septembre, quatre provinces du centre de la RDC sont secouées par des violences qui impliquent des miliciens, soldats et policiers, après la mort d'un chef traditionnel qui défiait le pouvoir de Kinshasa.
Ces atrocités ont causé la morts de plus de 3.000 personnes, selon l'Église catholique, et fait 1,3 million de déplacés. Deux experts onusiens, missionnés par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter sur ces violences, y ont été assassinés en mars.
L'ONU accuse les rebelles Kamwina Nsapu d'enrôler des enfants-soldats et d'avoir commis des atrocités, tout en dénonçant l'usage disproportionné et indiscriminé de la force par l'armée congolaise "ainsi que la mobilisation et l'armement des milices supplétives" par les autorités.
Jusque-là deux procès sont ouverts. Quatre des seize présumés assassins des experts de l'ONU, l'Américain Michael Sharp et la Suédo-chilienne Zaida Catalan, comparaissent devant le tribunal militaire de Kananga, capitale du Kasaï-central.
A Mbuji-Mayi, capitale du Kasaï-oriental voisin, sept militaires congolais sont jugés pour une vidéo supposée avoir été tournée dans le village de Mwanza Lomba, montrant ce qui parait être un massacre de civils armés de bâtons par des militaires.
Vendredi, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a décidé d'envoyer d'un groupe d'"experts internationaux" chargés d'enquêter sur les violences du Kasaï.
Avec AFP