Le secrétaire général adjoint des Nations unies, Jean-Pierre Lacroix, a rendu visite vendredi matin à des Casques bleus tanzaniens qui ont survécu à l'assaut contre la base de Semuliki, dans la province du Nord-Kivu, en proie à des violences depuis 20 ans.
"Je reviens juste de Tanzanie où j'ai pu mesurer que tout le pays était derrière vous", a déclaré M. Lacroix aux soldats blessés, soignés dans un hôpital de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) à Goma. Il avait rendu hommage la veille à Dar es Salaam aux 14 soldats tanzaniens tués dans l'attaque de la base de Semuliki.
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Au total 44 soldats tanzaniens sont encore hospitalisés, dont 27 à Goma, 7 à Beni dans la région de la base attaquée, cinq à Kampala et cinq à Kinshasa, d'après un porte-parole de la Monusco.
Blessures aux pieds, à la jambe, à l'épaule, transfusion sanguine...: le responsable des opérations de la paix a pu constater les souffrances des soldats tanzaniens lors de sa visite de l'hôpital tenu par le contingent indien.
Des soldats ont livré quelques détails sur l'attaque lancée dans la nuit du 7 au 8 décembre par de présumés miliciens du groupe ougandais musulman ADF contre la base de Semuliki sur l'axe Mbau-Kamango, l'une des routes les plus dangereuses de la RDC.
"Les assaillants étaient très nombreux, dans les 300. Ils étaient habillés soit en civil, soit pour certains d'entre eux avec des vestes des Forces armées congolaises", ont rapporté à un journaliste de l'AFP deux patients alités côte à côte.
L'armée congolaise subit aussi des assauts des ADF dans le Nord-Kivu.
Les soldats du contingent tanzanien ont confirmé que leurs assaillants étaient lourdement armés, avec des lance-roquettes RPG. Ils ont notamment été touchés par des éclats de projectiles.
-"Opérations de grande envergure"-
L'opérateur radio de la base a tenté de maintenir le contact avec le QG de la Monusco jusqu'à ce qu'il reçoive une balle à son tour, d'après une source onusienne.
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"Ils souffrent de troubles psychologiques, avec des stress post-traumatiques. Certains ne dorment pas beaucoup. Ils ne parlent pas beaucoup", a déclaré à l'AFP un psychiatre du continent indien, le lieutenant-colonel Raghu Mani.
M. Lacroix a eu par la suite une réunion avec les responsables civils et militaires de la Monusco, la mission onusienne la plus pléthorique et la plus onéreuse au monde (18.000 personnes, 1,2 milliard de dollars), et dont l'efficacité suscite des interrogations chez les experts de la RDC.
"Suite à l'attaque, les forces spéciales ont été projetées dans la zone en vue de la conduite d'opérations de grande envergure", a assuré la Monusco jeudi, photo à l'appui montrant l'un de ses officiers en visite à la base de Semuliki.
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"Si les ADF voulaient nous faire partir pour continuer leur petit business, c'est un échec. La base continue", a assuré une source militaire onusienne, allusion au trafic de minerais qui motive l'activité des groupes armés dans le Nord-Kivu.
Les Forces armées congolaises (FARDC) se sont engagées à participer à la riposte aux côtés de la Monusco. L'armée ougandaise procéderait à des regroupements de troupe le long de la frontière, des informations invérifiables dans cette zone inaccessible aux médias, officiellement pour des raisons de sécurité.
"Ce groupe (ndr: les ADF) de nature violente et peut-être islamiste pose un problème régional", reconnaît une source onusienne.
L'attaque n'a pas été revendiquée par les ADF. "C'est un groupe mystérieux alors que nous sommes en contact avec d'autres groupes pour leur demander d'arrêter de recruter des enfants ou de revenir à la vie civile", d'après une source onusienne.
Les ADF sont l'une des rares milices étrangères dans le Nord-Kivu, alors que les autres groupes sont en majorité congolais.
Installés depuis 20 ans dans l'est de la RDC, les ADF lutte officiellement contre le régime du président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 31 ans en Ouganda.
M. Lacroix doit se rendre samedi à Kinshasa pour des rencontres avec les autorités congolaises.
Avec AFP