Dans un communiqué qui s'abstient de condamner le coup d'Etat militaire ayant conduit à la destitution du président soudanais, Antonio Guterres "réitère son appel au calme et à la plus grande retenue de tous".
"Il rappelle ses encouragements et espoirs antérieurs selon lesquels les aspirations démocratiques du peuple soudanais se réaliseraient grâce à un processus de transition approprié et inclusif", précise son texte.
Des diplomates ont indiqué que les Etats-Unis et cinq pays européens (France, Royaume-Uni, Allemagne, Belgique et Pologne) avaient demandé une réunion d'urgence à huis clos du Conseil de sécurité sur le Soudan. Celle-ci devrait se tenir vendredi en milieu de journée.
"Nous sommes très préoccupés par les derniers développements, notamment le couvre-feu, la fermeture des ports et aéroports", a souligné devant des médias l'ambassadeur britannique adjoint à l'ONU, Jonathan Allen. "Nous avons besoin de voir une transition bien plus rapide" que les deux ans de transition militaire annoncés, a-t-il ajouté. "Le plus important est qu'il n'y ait plus de violence" à l'encontre des manifestants, a-t-il dit.
Interrogé lors de son point de presse quotidien sur une possible traduction d'Omar el-Béchir devant la Cour pénale internationale, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a rappelé qu'Antonio Guterres avait souvent réclamé une "pleine coopération" avec la CPI.
Il a toutefois ajouté que l'ONU n'était pas en mesure de s'exprimer sur des demandes spécifiques d'arrestations formulées par la CPI.
Désormais détenu par les militaires soudanais qui ont pris le pouvoir au Soudan, Omar el-Béchir est visé par deux mandats d'arrêt internationaux émis par la CPI en 2009 et 2010 pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre qui auraient été commis au Darfour entre 2003 et 2008 au moins.
Dans un communiqué, le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, a annoncé que 26,5 millions de dollars avaient été débloqués jeudi en urgence pour une aide humanitaire (nourriture, santé, eau...) destinée au cours des six prochains mois à plus de 800.000 Soudanais victimes de la crise économique.
L'ONU estime que l'insécurité alimentaire touche aujourd'hui quelque 5,8 millions de Soudanais, un chiffre en hausse par rapport à 2018. Si les actes de violence ont fortement diminué dans le pays, le Soudan compte toujours 1,9 million de déplacés et 1,2 million de réfugiés, venant notamment du Soudan du Sud.
Omar el-Béchir, qui dirigeait le Soudan d'une main de fer depuis 30 ans, a été renversé jeudi par un coup d'Etat de l'armée, dans le sillage d'un soulèvement populaire, et remplacé par un "conseil militaire de transition" pour deux ans.