Ce renforcement de la Minusca avait été demandé par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres qui a mis en garde contre un risque de nettoyage ethnique dans le pays.
En vertu de la résolution adoptée, rédigée par la France, la force est autorisée à déployer sur le terrain jusqu'à 11.650 personnes, dont 2.080 policiers et 480 observateurs militaires.
Elle devrait permettre à l'ONU d'enrayer la "spirale de violences et recréer une dynamique positive en République Centrafricaine", a jugé l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre.
Washington, qui cherche à réduire les coûts des opérations de paix de l'ONU, avait récemment indiqué ne pas être opposé "par principe à une augmentation modeste de troupes pour la Minusca, mais à la condition que les militaires supplémentaires apportent un réel plus" à la mission. Ils devront "faire preuve des plus hauts standards professionnels et s'abstenir de tout abus sexuel", ont réclamé les Etats-Unis.
Les interventions armées de la France (2013-2016) et de l'ONU ont permis de réduire les violences, notamment à Bangui. En province, 2017 a vu au contraire les affrontements reprendre en intensité entre groupes armés et des milices se disputant le contrôle des ressources dans ce pays de 4,5 millions d'habitants, l'un des plus pauvres au monde mais riche en minerais.
La résolution prévoit que les troupes de la Minusca soient plus mobiles et réactives. Il faut "tout faire pour augmenter son efficacité et sa capacité sur le terrain", a souligné Antonio Guterres lors d'une récente visite dans le pays, sa première auprès d'une opération de paix depuis son entrée en fonctions en janvier.
'Enquête spéciale'
Lundi, l'ONU a annoncé l'ouverture d'une "enquête spéciale indépendante" sur de possibles défaillances des Casques bleus lors d'attaques par des groupes armés contre des civils à proximité desquels se trouvaient des militaires de l'ONU.
Cette "enquête spéciale est déclenchée dans un contexte de récente détérioration de la situation sécuritaire dans le sud-est du pays, avec l'objectif d'améliorer la capacité de la Mission à empêcher des violences et à protéger des civils sous une menace immédiate, avec ses moyens et dans ses zones de déploiement", a précisé l'ONU
La Minusca, qui peine à rétablir l'ordre, a perdu 12 soldats depuis début 2017.
Accusés par leurs détracteurs de "passivité" face aux groupes armés et parfois même de "collusion", les contingents onusiens font aussi face à une avalanche d'accusations d'agressions sexuelles. En juin, un bataillon de plus de 600 soldats du Congo-Brazzaville avait été renvoyé chez lui après des accusations d'agressions sexuelles et divers trafics. En 2016, 120 Casques bleus de la même nationalité avaient déjà été renvoyés pour les mêmes motifs.
"Si nous devons éviter que le pays entier ne retombe dans la guerre civile, il y a un besoin urgent d'une meilleure protection des populations civiles", a réclamé mardi l'ONG Norwegian Refugees Council (NRC).
A terme, la mission de l'ONU doit être remplacée par les Forces armées centrafricaines (FACA). Fin octobre, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a promis que les premières forces formées par l'Union européenne seraient déployées d'ici à trois mois - et ce, malgré un embargo sur l'acquisition d'armes imposé par l'ONU depuis 2013.
La résolution exprime l'"inquiétude" du Conseil face à la "dégradation de la situation sécuritaire dans le sud-est et le nord-ouest".
Le pays est embourbé dans un conflit depuis le renversement en 2013 du président François Bozizé par une coalition pro-musulmane (l'ex-Séléka), qui a entrainé une contre-offensive de milices pro-chrétiennes autoproclamées d'"autodéfense" (antibalaka, ou antimachettes).
En raison des violences, plus de 600.000 personnes sont déplacées en Centrafrique et 500.000 sont réfugiées dans des pays voisins. Environ 2,4 millions de Centrafricains, soit la moitié de la population, sont dépendants d'une aide internationale.
Avec AFP