L'opération Sophia, mise en place à l'été 2015, "ne réduit en rien le nombre de migrants, ne perturbe pas les réseaux de trafiquants ni n'entrave le trafic humain en Méditerranée centrale", selon ce rapport de la commission des Affaires européennes de la Chambre des Lords, la chambre haute du parlement britannique.
Selon le rapport, l'opération Sophia a conduit à un nombre faible d'arrestations (une cinquantaine), souvent des sous-fifres, les responsables s'arrangeant pour ne plus être à bord des bateaux arraisonnés.
Les destructions de navires, au nombre de 80 selon la Commission parlementaire, ont elles conduit les trafiquants à utiliser des embarcations gonflables, encore moins sûres pour les migrants.
Dès le départ, cette mission, qui consiste à patrouiller au large de la Libye dans une zone six fois plus grande que l'Italie, "présentait un énorme défi", a commenté le président de la commission, Lord Tugendhat, sur le site internet du Parlement.
Il y avait "peu de chance que l'opération Sophia bouleverse le modèle commercial des trafiquants", alors qu'elle ne peut opérer ni dans les eaux territoriales libyennes ni sur le territoire libyen.
"Le réseau de trafic part de Libye et s'étend à l'Afrique. Sans le soutien d'un gouvernement libyen stable, l'opération ne peut pas rassembler les informations nécessaires pour s'attaquer aux trafiquants à terre", note Lord Tugendhat.
Or, selon lui, le nouveau gouvernement d'union libyen ne sera pas en position de travailler étroitement avec l'UE dans un avenir proche.
Le rapport souligne en revanche que l'opération apporte une contribution non négligeable à la recherche et au sauvetage de migrants échoués, avec 9.000 personnes secourues.
Avec quelque 28.600 migrants débarqués depuis le début de l'année selon le HCR, l'Italie est redevenue la principale porte d'entrée méditerranéenne depuis la fermeture de la route des Balkans et l'accord sur le renvoi vers la Turquie des nouveaux arrivants en Grèce.
Avec AFP