Le tribunal d'Harare a ordonné la libération de M. Mawarire contre une caution de 300 dollars et demandé au prévenu de remettre son passeport à la justice et de se présenter deux fois par semaine à la police.
Au cours de l'audience, le procureur Edmore Nyazamba a dépeint le pasteur comme un "terroriste reconnu", enclin à s'échapper en cas de libération sous caution.
Mais le juge Clement Phiri a rejeté cet argument, qualifiant de "faible" le réquisitoire du parquet.
Le pasteur Mawarire est l'un des chefs de file de la contestation anti-Mugabe au Zimbabwe. Début 2016, alors inconnu du grand public, il avait lancé une vaste campagne de protestation baptisé #ThisFlag (#CeDrapeau) contre le chef de l'Etat zimbabwéen qui dirige le pays d'une main de fer depuis 1980.
Dans une vidéo devenue rapidement virale sur Internet, il était apparu avec le drapeau zimbabwéen porté en écharpe pour dénoncer la corruption du régime et les conditions de vie difficiles de la population.
Son action avait initié une large vague de grèves et de manifestations dans le pays, un mouvement qui s'est peu à peu éteint face à la brutale répression du régime.
- Comparution le 17 février -
Parti en exil en juillet, en Afrique du Sud puis aux Etats-Unis pour "chercher des soutiens", il est rentré le 1er février au Zimbabwe, où il a été immédiatement interpellé.
"Nous sommes heureux que la roue de la justice ait tournée", s'est réjouie la soeur du pasteur, Telda Mawarire, interrogée par l'AFP.
"Nous militons cependant toujours pour que les Zimbabwéens qui protestent ne soient pas persécutés. La liberté d'expression et de réunion sont des droits fondamentaux et nous appelons le gouvernement à les respecter", a-t-elle poursuivi.
Accusé d'incitation à la violence et de tentative de sabotage du gouvernement, il était depuis en détention. Il doit comparaître devant la justice le 17 février prochain.
Si la contestation a faibli dans les rues, le Zimbabwe est loin d'être tiré de la grave crise économique qui le frappe depuis le début des années 2000.
Asphyxiée par le manque de liquidités, son économie tourne au ralenti et 90% de sa population active n'a pas d'emploi formel.
Les Zimbabwéens sont contraints de patienter de longues heures devant les guichets des banques pour retirer de l'argent liquide et l'Etat éprouve de plus en plus de difficultés à payer ses fonctionnaires à temps.
En novembre, pour tenter de donner un peu d'air à son économie exsangue et ralentir la fuite de dollars américains vers l'étranger, le gouvernement a lancé une nouvelle monnaie indexée sur le cours du billet vert.
Mais l'introduction de ces "billets d'obligation" n'a pas produit les effets espérés et reste vivement critiqué tant par la population que les économistes.
Beaucoup de Zimbabwéens craignent de revivre le cauchemar de 2009 quand une hyperinflation délirante de centaines de milliards de pour cent avait forcé le gouvernement à abandonner le dollar zimbabwéen, la devise nationale.
La semaine dernière, le ministère des Finances a annoncé une nouvelle de taxe de 15% sur les produits alimentaires de base, une mesure elle aussi controversée car jugée injuste pour les ménages les plus démunis.
Malgré le chaos économique et la grogne de la population, l'inoxydable Robert Mugabe est d'ores et déjà en course pour un nouveau mandat en 2018. Le plus vieux chef d'Etat en exercice fêtera ses 93 ans le 21 février prochain.
Avec AFP