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L'opposant ougandais Bobi Wine emmené par des policiers dès son retour


Robert Kyagulanyi, vedette pop ougandaise devenue député, prononce un discours devant son domicile à Kampala, en Ouganda, après son retour des Etats-Unis le 20 septembre 2018.
Robert Kyagulanyi, vedette pop ougandaise devenue député, prononce un discours devant son domicile à Kampala, en Ouganda, après son retour des Etats-Unis le 20 septembre 2018.

L'ex-chanteur et député ougandais d'opposition Robert Kyagulanyi, l'un des principaux détracteurs du président Yoweri Museveni, est rentré jeudi en Ouganda sous étroite surveillance policière, après trois semaines passées aux Etats-Unis pour des soins.

Plus connu sous son nom d'artiste Bobi Wine, M. Kyagulanyi, 36 ans, est devenu le porte-parole d'une jeunesse ougandaise urbaine et souvent très pauvre qui ne se reconnaît pas dans le régime d'un président Museveni vieillissant (74 ans), au pouvoir depuis 1986.

Le député s'était rendu au Etats-Unis fin août pour y recevoir des soins après avoir selon lui été battu et torturé en détention provisoire par la police, ce que les autorités démentent.

Son retour au pays, annoncé depuis plusieurs jours, avait entraîné un nouveau raidissement du pouvoir, qui avait interdit tout manifestation jeudi, déployé ses forces de sécurité en nombre dans les rues de Kampala et fait couper toute circulation sur la voie rapide menant à l'aéroport international d'Entebbe, à environ 40 km de la capitale.

"Peu après l'atterrissage à Entebbe, la sécurité l'a entouré et l'a emmené", a rapporté à l'AFP l'épouse du député Barbie Kyagulanyi.

Et c'est dans un véhicule blindé de la police ougandaise que le député a été "escorté" jusqu'à son domicile où l'attendaient de nombreux partisans.

"L'honorable Robert Kyagulanyi n'est pas en état d'arrestation", a ensuite indiqué à l'AFP le chef de la police ougandaise, l'inspecteur général Martin Okoth Ochola. "Ce que nous avons fait, c'est l'escorter depuis l'aéroport d'Entebbe jusqu'à son domicile".

Contre toute attente, le député a ensuite pu s'adresser à ses partisans et à la presse.

"C'est super d'être enfin à la maison. Je ne savais qu'ils m'amenaient chez moi", a-t-il expliqué.

"Président du ghetto"

Les policiers "m'ont fouillé, ont pris mon passeport et tous mes documents. Je ne sais pas ce qu'ils en ont fait. Mais je suis de retour à la maison et je suis heureux d'être ici", a-t-il ajouté.

Pop-star, Bobi Wine a mêlé des textes sur la justice sociale et la pauvreté à des rythmes afrobeat accrocheurs. Ils lui ont valu de la part de ses fans, souvent jeunes et pauvres, le surnom de "Son Excellence le président du ghetto".

En 2017, il est élu député sous son vrai nom, Robert Kyagulanyi, et devient vite populaire par son opposition ouverte à l'encontre du dirigeant ougandais.

M. Museveni est le seul président que la plupart des Ougandais connaissent, dans un pays où un habitant sur deux a moins de 16 ans. Et celui-ci s'accroche, ayant fait modifier la Constitution à deux reprises pour supprimer les limites d'âge, et être autorisé à se présenter pour un sixième mandat en 2021.

Auparavant, l'opposition était symbolisée par Kizza Besigye, 62 ans, ancien camarade de Museveni battu quatre fois aux élections.

Reconnaissable à son béret rouge, "Bobi Wine" avait été inculpé de trahison à la suite du caillassage du convoi de M. Museveni en marge d'une élection législative partielle à Arua (nord) le 14 août, remportée par le candidat de son parti face à celui du pouvoir.

Lors de ses comparutions fin août, l'ex-chanteur avait semblé affaibli, utilisant parfois des béquilles pour se déplacer.

Les arrestation et inculpation en août de M. Kyagulanyi, dont le chauffeur avait été tué par les forces de l'ordre durant les échauffourées du 14 août, avaient entraîné des manifestations de protestation violemment réprimées par la police et l'armée.

Le président Museveni semble éprouver les plus grandes difficultés à répondre au défi posé par la popularité du député: dans un récent discours sur l'état de la nation, le chef de l'Etat s'était adressé à son auditoire en les qualifiant de "bazukulu", ce qui signifie "petits enfants".

Avec AFP

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