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L'opposition accuse la police d'avoir torturé trois de ses militantes au Zimbabwe


Nelson Chamisa lors d'une conférence de presse à Harare, le 17 juillet 2018.
Nelson Chamisa lors d'une conférence de presse à Harare, le 17 juillet 2018.

Le principal parti d'opposition du Zimbabwe a accusé la police d'avoir arrêté, frappé et torturé trois de ses jeunes responsables, retrouvées vendredi grièvement blessées, deux jours après avoir participé à une manifestation.

Les trois jeunes femmes, portées disparues depuis une action organisée mercredi pour dénoncer les pénuries alimentaires, ont été retrouvées au bord d'une route menant à Harare, a annoncé le Mouvement pour un changement démocratique (MDC).

Grièvement blessées, elle ont été hospitalisées dans un hôpital de la capitale.

L'un d'entre elles, Cecilia Chimbiri, a raconté à la presse avoir été arrêtée par la police. "Ils nous ont emmenées au commissariat central et fait monter dans un camion noir. Ils nous ont ordonné de baisser la tête et nous ont frappées", a-t-elle dit.

La jeune femme a ajouté qu'elles avaient alors été giflées et frappées avec des bâtons sur la plante des pieds. "J'ai peur", a-t-elle déclaré, en sanglots.

"Elles ont été copieusement battues, frappées et agressées sexuellement", s'est indigné auprès de la presse le chef du MDC, Nelson Chamisa, après s'être rendu à leur chevet.

"Ce qui est clair, c'est que ceux qui ont fait ça l'ont fait au nom de M. (le président Emmerson) Mnangagwa", a accusé M. Chamisa, qui a affirmé avoir recensé 49 "enlèvements" similaires l'an dernier.

"M. Mnangagwa n'a jamais condamné ça et n'a jamais ordonné d'enquête", a-t-il déploré.

Le gouvernement d'Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 au régime de fer de Robert Mugabe, est régulièrement dénoncé par les ONG de défense des droits humains et les capitales étrangères pour les exactions de ses forces de sécurité.

Sollicitée par l'AFP, la police zimbabwéenne n'a pas réagi immédiatement. Dans une série de tweets publiés jeudi, elle avait démenti détenir les trois victimes.

Le secrétaire d'Etat à l'Information Nick Mangwana a lui aussi nié vendredi les accusations du MDC.

Les trois victimes ont "violé les mesures de confinement du pays en participant à une manifestation illégale", a-t-il rappelé dans un communiqué, ajoutant que la police souhaitait bien les interroger mais n'avait pas réussi à le faire.

"Nous leur demandons de collaborer avec la police pour faire la lumière sur ce qui s'est passé", a-t-il ajouté.

La représentation de l'Union européenne à Harare s'est dite "très préoccupée par les accusations de torture et d'humiliation" portées contre la police et a exhorté les autorités à "enquêter rapidement" et à "renvoyer les coupables devant la justice".

Le Zimbabwe est englué depuis vingt ans par une crise économique catastrophique, encore aggravée par la pandémie de coronavirus.

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