Au lendemain du double scrutin présidentiel et législatif au Burkina, les positions se radicalisent au sein des différents états-majors.
L'opposition politique signataire d'un accord d'union en cas de second tour a fait une déclaration publique dans laquelle elle a ouvertement accusé la Céni, la commission électorale nationale indépendante, d'avoir bâclé l'organisation du scrutin.
"Malgré nos multiples mises en garde contre une proclamation précipitée des résultats, la Céni a commencé à annoncer les résultats de l'élection présidentielle sur lesquels nous nous réservons de droit de nous prononcer ultérieurement", dit-elle.
Tahirou Barry, candidat du MCR et signataire de l'accord politique de l'opposition, a déclaré que "contrairement aux dispositions du code électoral qui prévoit une compilation manuelle des résultats au niveau des centres communaux de compilation, la Céni a procédé à l'annonce des résultats, largement favorable à la majorité sortante, sans avoir procédé à ces compilations manuelles".
Du côté de la majorité présidentielle, on taxe l'opposition de "mauvais perdant".
"Pourquoi l'opposition n'a pas fait sa conférence de presse avant qu'on ne commence à proclamer les résultats?", demande Souleymane Sam, membre de l'UNIR-PS, un parti de la majorité. "Ils sont sûrs qu'ils vont perdre c'est pourquoi ils veulent remettre en cause les résultats", ajoute-t-il.
Quoi qu'on dise, la commission électorale a fauté, selon Lionel Bilgo, analyste politique.
"L'organisation a péché en terme d'efficacité, en terme de professionnalisme et là on constate que ça a créé de la rancœur et de la méfiance par rapport aux résultats", affirme-t-il. Et d'ajouter: "Le fait que les urnes soient transportées, le fait que les bureaux aient été ouverts tardivement sont des préjudices aux personnes de la mouvance présidentielle et de l'opposition. C'est toute la classe politique normalement qui devrait s'indigner par rapport à ces manquements".
Mardi dans la soirée, les conseillers de la Céni issus de l'opposition ont suspendu leur participation à proclamation des résultats provisoires. Cela pourrait encore entraîner une crise postélectorale.