Mardi, en dehors d'un rassemblement de quelque 500 personnes dans la capitale économique Douala, rapidement et violemment dispersé par des forces de sécurité déployées là comme dans toutes les autres grandes villes du Cameroun, l'appel de sept partis d'opposition n'a mobilisé que très peu de monde, avaient constaté des journalistes de l'AFP, témoins cependant de dizaines d'arrestations.
Dans un communiqué mercredi, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, le principal opposant à M. Biya, 87 ans et au pouvoir depuis près de 38 ans, a affirmé que 589 personnes ont été arrêtées dans tout le pays "avant et pendant" ces marches mardi, sans plus de détails.
Ce chiffre n'a pu être vérifié de sources indépendantes et les autorités camerounaises, sollicitées par l'AFP, n'avaient toujours pas répondu officiellement mercredi soir. "Aucune information ne fait état d'arrestations. Quelques individus ont été auditionnés parce qu'ils affichaient un comportement bizarre dans la rue", a cependant affirmé à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, un haut responsable du ministère de la Communication.
"Nos populations ont fait preuve d'un courage héroïque face à un déploiement sans précédent de la machine répressive du régime (...), laquelle a semé la terreur toute la semaine précédant les marches, causé des victimes innocentes, notamment de nombreux blessés, y compris par balle", ont écrit les sept partis d'opposition ayant appelé aux rassemblements de mardi, dont le MRC.
Outre le déploiement massif de la police, la gendarmerie et de l'armée, le gouvernement avait averti qu'il traiterait "tout rassemblement" répondant à cet appel "insurrectionnel" en vertu d'une loi antiterroriste de 2014 et des règles de distanciations liées au coronavirus.
"Ces mesures sont une tentative à peine voilée de se servir de la pandémie de Covid-19 et d'une loi antiterroriste draconienne comme prétextes pour supprimer le droit à la liberté de réunion", avait protesté lundi soir l'organisation internationale Human Rights Watch (HRW).
Parmi les arrestations mardi figuraient au moins huit journalistes, dont les correspondants de Radio France Internationale (RFI) et de l'Agence France-Presse (AFP), selon l'ONG internationale Commitee to Protect Journalists (CPJ). Le journaliste de RFI, Polycarpe Essomba, a reçu de violents coups de matraque et de poings, ont déploré la radio française et le CPJ.
Trois des huit reporters interpellés étaient toujours en détention mercredi soir, selon le CPJ, dont Tah Mai Jarvis et Christian Tebong, de la télévision privée My Media Prime à Douala. Le CPJ et Reporters Sans Frontières (RSF) ont dénoncé les "violences policières" et des "agressions de journalistes" dans l’exercice de leur métier.