"Nous avons décidé que nous ne pouvons pas participer. Il ne s'agit pas de boycotter et de rester les bras croisés. Nous allons empêcher que ces élections aient lieu", a déclaré le chef de file de l'opposition, Cellou Dalein Diallo, à l'issue d'une réunion des dirigeants d'une vingtaine de partis d'opposition.
Dénonçant une "mascarade électorale", M. Diallo a justifié cette décision par des divergences avec le pouvoir, notamment sur la révision du fichier électoral. "Il y a eu un enrôlement massif des mineurs", tandis que "des gens qui en ont le droit n'ont pas été autorisés de s'enrôler", a-t-il affirmé. "Nous ne pouvons pas accepter qu'une élection basée sur ce fichier soit organisée", a-t-il ajouté.
"Nous avons pris une importante décision aujourd'hui qui va consister à ne plus (entrer en compétition) avec (le président) Alpha Condé tant que les conditions d'une élection libre et transparente ne sont pas réunies", a abondé un autre responsable de l'opposition, Etienne Soropogui.
L'annonce du boycott des législatives intervient alors que la contestation contre l'intention prêtée au président Condé de briguer un troisième mandat ne faiblit pas dans ce petit pays de 13 millions d'habitants d'Afrique de l'Ouest, pauvre malgré d'importantes ressources minières.
Le 19 décembre, le chef de l'Etat, élu en 2010 puis réélu en 2015, a rendu public un projet de nouvelle Constitution, à soumettre au peuple guinéen à une date non précisée.
L'opposition guinéenne a immédiatement crié au "coup d'Etat constitutionnel" et confirmé son appel à manifester massivement jeudi 26 décembre.
La manœuvre prêtée au président guinéen a provoqué depuis deux mois des manifestations ayant rassemblé à Conakry et en province des dizaines, voire des centaines de milliers de Guinéens opposés à cette perspective.
La contestation, durement réprimée à plusieurs reprises, a causé la mort d'au moins vingt civils et un gendarme. Des centaines de personnes ont été arrêtées. Les défenseurs des droits de l'homme dénoncent l'usage excessif de la force, des arrestations arbitraires et l'impunité des forces de sécurité.