Quelque 18 millions d'électeurs sont inscrits sur les listes électorales pour ce scrutin qui vient couronner une campagne électorale bien plus violente que les précédentes.
Des candidats de l'opposition ont été arrêtés et empêchés de faire campagne. Leurs supporters ont été visés par des gaz lacrymogène et parfois par des balles réelles.
Journalistes couvrant l'opposition, critiques du régime ou encore organisations d'observation des élections ont de diverses manières été empêchés de travailler, suscitant des craintes pour l'équité et la transparence de l'élection.
Devenu député en 2017, Bobi Wine s'est imposé comme le principal adversaire de M. Museveni, 76 ans, un ancien guérillero qui a dirigé l'Ouganda sans discontinuer depuis 1986.
Bobi Wine a troqué ses costumes ajustés et son béret rouge pour un gilet pare-balle et un casque.
La violence, en particulier la mort de 54 personnes tuées par la police lors de manifestations en novembre, a intensifié les pressions internationales, notamment de la part de Washington.
Loin du tumulte de la campagne pour ses opposants, Museveni a tranquillement sillonné le pays coiffé de son emblématique chapeau à large bord, inaugurant de nouvelles routes, et tenant le décompte du nombre de jours le séparant de la victoire sur ses posters de campagne.
Pendant son long règne, le dirigeant est parvenu à fusionner l'Etat avec son parti, le Mouvement pour la résistance nationale (NRM), et à empêcher toute alternative politique. En 35 ans, il n'a jamais perdu une élection.
"Le contexte rend simplement impossible de gagner une élection contre Museveni. L'identité du challenger importe peu", observe l'analyste politique ougandais Bernard Sabiti.
Jeune et libre
Mais l'émergence de Bobi Wine, Robert Kyagulanyi de son vrai nom, a ébranlé le président, un des dirigeants africains restés le plus longtemps au pouvoir et qui a vu certains de ses pairs récemment chassés par des soulèvements populaires, entraînés par la jeunesse.
Yoweri Museveni parle à un Ouganda rural, plus âgé, mais préside aux destinées d'une population extrêmement jeune - l'âge médian est inférieur à 16 ans - et de plus en plus urbanisée et éduquée.
Elle n'a connu d'autre dirigeant que Museveni et est trop jeune pour s'attacher à la stabilité et à la prospérité relative que le président a amenées après les sombres années Idi Amin Dada et Milton Obote.
De plus, elle peine à se construire un avenir dans un pays où seulement 75.000 nouveaux emplois sont créés chaque année pour les 700.000 jeunes qui entrent dans le même temps sur le marché du travail, selon la Banque mondiale.
Bobi Wine, qui avait trois ans lorsque M. Museveni est arrivé au pouvoir, promet à cette jeunesse de mettre fin à la corruption, responsable selon lui de l'absence de débouchés, et de "faire tomber un dictateur".
"Nous voulons du changement. Il n'y a pas d'emplois, pas d'argent, nous ne pouvons pas aller étudier et quand nous allons à l'hôpital, il n'y a pas de médicaments", explique Dorah Wasswa, 23 ans, qui vend des produits à la sauvette dans une rue de Kampala.
"Gangs criminels"
L'image, mise en avant par sa campagne, d'un Museveni bienveillant et fringant malgré son âge - il aime à faire des pompes en public - n'a pas su dissimuler son courroux face à Bobi Wine.
Il accuse ce dernier d'être soutenu par "les étrangers" et "les homosexuels", et a plus largement suggéré que ses opposants sont aidés par des "gangs criminels".
Face à Museveni, qui selon les analystes protège sa mainmise sur le pouvoir par le clientélisme et la force plus que par la volonté populaire, l'opposition n'est pas parvenue à s'unifier et présente 10 candidats.
Son adversaire historique, Kizza Besigye, qui a perdu chaque élection depuis 2001, n'a pas souhaité concourir une cinquième fois contre lui.
Bobi Wine, candidat sous la bannière de la Plateforme d'unité nationale (NUP), son parti, a lui aussi fait face à la brutalité des forces de sécurité, qui l'ont accusé, ainsi que ses supporters d'enfreindre les mesures de lutte contre le Covid-19.
L'Ouganda est confronté à une augmentation des infections mais les Nations unies et les défenseurs des droits considèrent que ces dernières ont été largement utilisées pour empêcher les opposants de faire campagne.
Bobi Wine, qui a envoyé début janvier ses enfants à l'étranger pour leur sécurité, a déclaré dans une interview à l'AFP que ses supporters étaient "pacifiques mais fermes" et a promis des manifestations non violentes si l'élection semblait truquée.