L'Union africaine a "suspendu avec effet immédiat la participation de la République du Soudan à toutes les activités de l'UA jusqu'à l'établissement effectif d'une autorité civile de transition, ceci étant le seul moyen de permettre au Soudan de sortir de la crise actuelle", a annoncé le Conseil de paix et de sécurité de l'UA (PSC) sur son compte Twitter.
"Le Conseil imposera automatiquement des mesures punitives sur les individus et les entités qui ont empêché l'établissement d'une autorité civile", a précisé en conférence de presse le Sierra-Léonais Patrick Kapuwa, président en exercice du PSC.
Depuis le début de la crise, l'UA plaide pour un transfert rapide du pouvoir des militaires aux civils et avait plusieurs fois menacé de suspendre ce pays de l'organisation.
Le 15 avril, après le renversement quatre jours plus tôt du président soudanais Omar el-Béchir par les militaires sous la pression d'un mouvement de contestation déclenché le 19 décembre, l'UA avait donné 15 jours pour que le pouvoir soit transféré aux civils.
Début mai, elle avait réitéré cet ultimatum en donnant un nouveau délai de 60 jours aux militaires pour remettre le pouvoir aux civils.
Les négociations entre la contestation et le Conseil militaire ont achoppé le 20 mai, chaque partie souhaitant prendre la tête de la transition prévue sur trois ans.
Selon un comité de médecins proches de la contestation, au moins 108 personnes ont été tuées et plus de 500 blessées en trois jours, pour la plupart dans la dispersion brutale d'un sit-in devant le siège de l'armée lundi à Khartoum.
Cette opération, un "massacre" perpétré par des "milices" du Conseil militaire selon ce groupe de professionnels, a été vivement dénoncé par l'ONU, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, entre autres. Et, selon la même source, le bilan de cette répression pourrait encore grossir.
Le Conseil militaire a réfuté tout usage de la "force", évoquant une "opération de nettoyage" à proximité du rassemblement qui aurait mal tourné. Selon les autorités, elle n'aurait pas fait "plus de 46 morts".
Les soutiens de l'armée, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis en tête, n'ont pas dénoncé la répression mais appelé au dialogue entre les militaires et la contestation.