"Je veux que la clarté soit faite sur cette situation, on ne peut pas accepter qu'il y ait la moindre ambiguïté", a déclaré mercredi soir le Premier ministre Charles Michel, en annonçant avoir demandé une enquête au Soudan "avec le soutien de l'OIM", l'Organisation internationale pour les migrations.
"En tout cas jusqu'à la fin du mois de janvier, il n'y aura pas de rapatriement vers le Soudan pour permettre précisément à cette enquête de faire la lumière", a-t-il ajouté sur la chaîne publique RTBF.
Le concours de l'OIM, un organisme des Nations unies, garantira "l'indépendance de cette enquête", selon lui.
La décision intervient après la publication dans les médias belges de témoignages faisant état de violences subies à leur retour par des migrants soudanais expulsés de Belgique.
"Six appels à l'aide" ont ainsi été recensés par l'ONG Timep Europe, basée à Bruxelles, qui a qualifié ces violences d'actes de "torture".
Dans un témoignage, publié mercredi par le journal flamand Het Laatste Nieuws, un homme se présentant comme Kamal, 18 ans, dit avoir été "frappé aux pieds avec des bâtons" lors d'un interrogatoire de "deux jours".
"Ils me demandaient toujours pourquoi j'ai été en Europe. Ma vie est en danger, je reste à la maison, incapable d'en sortir", a affirmé de son côté un dénommé Mohamed.
Il n'en fallait pas plus pour relancer la controverse sur la "mission d'identification" menée en septembre sur le sol belge par des officiels soudanais, à l'invitation du secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration Theo Francken.
L'expulsion de Kamal, qui figure parmi les Soudanais auxquels ces responsables ont rendu visite dans un centre de rétention belge, date de cette époque. Le jeune Soudanais affirme avoir été arrêté "immédiatement après son atterrissage".
Depuis le 1er août, 116 Soudanais ont été placés en centres fermés en Belgique en vue de leur expulsion. Dix d'entre eux ont été renvoyés vers Khartoum et 89 dans le pays européen de première entrée, le plus souvent l'Italie, a précisé jeudi à l'AFP l'Office des étrangers.
En septembre, des élus de l'opposition et des associations de défense des droits de l'homme avaient fustigé la mise sur pied de cette "mission" soudanaise, accusant le gouvernement de Charles Michel de "collaborer avec une dictature".
Le Premier ministre a réaffirmé mercredi que d'autres pays de l'UE ont déjà agi de la sorte. Il a cité la France et l'Italie.
Avec AFP