Cette dent avait été saisie dans la famille d'un policier belge ayant contribué à faire disparaître le corps - jamais retrouvé - de celui qui fut l'éphémère Premier ministre de l'ex-colonie belge après l'indépendance du 30 juin 1960.
Elle est l'une des pièces du dossier judiciaire ouvert après la plainte déposée en 2011 à Bruxelles par plusieurs enfants de Patrice Lumumba, exigeant que soient éclaircies les circonstances de l'assassinat.
La dent va désormais "être restituée aux ayants-droit" de Patrice Lumumba, a annoncé à l'AFP Eric Van Duyse, porte-parole du Parquet fédéral.
Il a évoqué une restitution "symbolique" en l'absence de "certitude absolue" que cette dent ait bien appartenu au héros de l'indépendance. "Il n'y a pas eu d'analyse ADN sur la dent, cela l'aurait détruite", a dit M. Van Duyse.
"Le procureur fédéral (Frédéric Van Leeuw) était favorable à la restitution, il fallait l'aval du juge d'instruction qui est intervenu en début de semaine", a-t-il expliqué.
En 2000, le policier belge Gérard Soete avait accepté de témoigner auprès de l'AFP de sa participation, quelque 40 ans plus tôt, à l'élimination du corps de Lumumba, assassiné avec deux de ses proches dans la province alors sécessionniste du Katanga, près d'Elisabethville (actuelle Lubumbashi).
"En pleine nuit africaine, nous avons commencé par nous saouler pour avoir du courage. On a écartelé les corps. Le plus dur fut de les découper" avant de verser l'acide, avait expliqué l'octogénaire, depuis décédé.
"Il n'en restait presque plus rien, seules quelques dents", avait ajouté Gérard Soete.
Selon le sociologue belge Ludo De Witte, auteur d'un livre sur l'assassinat de Lumumba, Soete avait décidé de ramener avec lui en Belgique ces quelques reliques "comme des trophées de chasse".