Les vagues de la mer échouent sur les terrasses des hôtels à Kribi. Le spectacle est d’une impressionnante beauté mais la vie ne suit plus son cours normal en ces lieux depuis la survenue des premiers cas du Covid 19 au Cameroun.
"On passe la journée à observer la mer, on s’attend à un client voire deux, mais ils ont encore peur de venir manger ou boire. Le week-end, quelques personnes viennent quand même profiter de la mer", confie à VOA Afrique le réceptionniste d’un hôtel trois étoiles.
Tourisme en berne
La ville touristique connaît une baisse de fréquentation record des visiteurs. Les jours ouvrables tout comme les week-end semblent pareils. Kribi avant le Covid-19 abritait des grandes rencontres: des séminaires de formation, des colloques, des ateliers. Les hôtels faisaient le plein à l’occasion, augmentant par ricochet l’affluence sur les plages. A cela s’ajoutaient de nombreux touristes.
Depuis le 18 mars dernier, le pays a fermé ses frontières et interdit les regroupements de plus de 50 personnes.
"Nous ne pouvons pas vendre des chambres d’hôtels, faire des locations de voitures, on ne peut même pas organiser de grandes rencontres, nous avons mis le personnel en chômage technique, on n’avait pas d’alternative", explique Julienne Kammogne, directrice-générale d’une agence de voyages dont la ville de Kribi était l’un des marchés florissants.
Des restrictions qui ont fait plomber le chiffre d’affaires. Une vingtaine d’hôtels, plusieurs restaurants ont fermé à Kribi faute de clients avant de rouvrir, il y a deux semaines environ. La plupart ont opté pour des prix promotionnels qui n’attirent toujours pas grand monde.
La situation est similaire au débarcadère. "Les clients viennent à compte-goutte, ils se lavent d’abord les mains, on leur demande de mettre leur cache-nez, mais nos recettes ont considérablement chuté", affirme Carine Edjidjè, vendeuse de poisson.
Profession compromise
Le syndicat patronal des industries du tourisme et de l’hôtellerie ne cache plus son inquiétude sur l’impact du Covid-19 dans ce secteur d’activité.
"Le Covid 19 est un niveau de sinistre que nous n’avons jamais imaginé dans notre profession, qui risque d’être compromise et disparaître à plusieurs endroits", se lamente Emile Engoulou, syndicaliste de ce secteur. "Des activités comme les nôtres sont très coûteuses à l’investissement sur lesquels on a des crédits. Je crains que nous soyons le corps de métier le plus sinistré par le Covid-19", précise-t-il.
Le 30 avril dernier, le président camerounais Paul Biya a décidé de l’exonération de la taxe de séjour dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration pour le reste de l'année 2020.
Par ailleurs, le Cameroun va, à compter du 15 juin, accueillir à nouveau sur son territoire des vols commerciaux de la compagnie Air France.
Une décision est critiquée par de nombreux Camerounais qui redoutent une augmentation des cas de contaminés au Covid-19. La France en effet compte 178 184 cas confirmés de COVID-19 et plus de 27 000 morts à ce jour.
Pour pour le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), ces mesures pourraient ne pas suffire. Il exhorte le gouvernement "à aller plus loin et plus vite dans la mise en place de mesures complémentaires propres à restaurer la santé des entreprises".