"Sidy démission!" ont crié une partie des spectateurs après la déroute à domicile contre le Maroc (2-0) lors de la dernière journée des qualifications pour la Coupe du Monde. L'élimination après trois participations consécutives a fait mal, surtout deux ans à peine après le titre continental en Guinée Equatoriale (CAN-2015).
"Nous avons fait le constat de la régression de notre football, et nous reprochons à Sidy Diallo son manque de vision. Nous dénonçons sa gestion opaque. Nous demandons sa démission, il n'a pas le coffre pour diriger la Fédération, l'habit est trop grand pour lui", a déclaré à l'AFP un des chefs de file des contestataires, Salif Bictogo, président du Stella Club d'Adjamé.
La grogne des supporters s'est transformée en fronde politique. Un groupe de 29 dirigeants de clubs, baptisé G29 par la presse, sur les 76 au total (14 de 1ère div., 24 de 2e div. et 38 de 3e div.) s'est ligué contre le président.
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Parallèlement, l'ex-buteur Didier Drogba, qui n'est pas en lien avec les frondeurs, a mis les pieds dans le plat sur RFI. La star pointe du doigt le travail de l'entraîneur belge Marc Wilmots, limogé depuis, mais souligne que "la Fédération a une grosse part de responsabilité". "Le coach (...) a été imposé", dit-il, accusant la fédération d'une erreur de casting.
Le Belge n'a en tout cas jamais trouvé la bonne formule sur le terrain, mais a surtout semblé manquer de psychologie pour se mettre dans la poche le vestiaire.
"La Fédération doit tirer un bilan de cet échec. Il faut revoir toute la stratégie du football ivoirien. Il faut des états généraux. Tous les acteurs doivent être impliqués. (...) Pendant ces 10 à 15 dernières années on a réussi à mettre le football ivoirien à un niveau où il n'a jamais été. Repartir à zéro comme maintenant c'est triste à voir", estime Drogba, qui veut que les anciens joueurs s'impliquent.
Elu en 2011 et réélu en 2016, Sidy Diallo, qui a ses entrées à la présidence de la République ivoirienne, a réagi à la télévision publique. "Après une défaite, la douleur ou la colère peuvent nous faire dire beaucoup de choses. (...) C'est normal que les supporters manifestent jusqu'à demander ma démission. Mais je n'ai pas été élu pour partir sur un coup de tête. Si je pars dans ces conditions, je pense que le football ivoirien aura du mal à se relever".
Si son premier mandat a été couronné de succès sportifs avec la deuxième CAN de l'histoire des Eléphants (premier sacre en 1992), une qualification pour le Mondial-2014 mais aussi la CAN des cadets en 2013, le deuxième mandat est une longue série d'échecs: non-qualification pour les CAN U17 et U20 en 2017, élimination prématurée de tous les clubs ivoiriens en Ligue des champions africaine et en Coupe de la CAF en 2017.
Seule petite éclaircie: la qualification pour le CHAN 2018. En visite à Abidjan, le président de la Confédération africaine de football (CAF) Ahmad Ahmad a prôné "une rencontre autour d'une table" en impliquant "tout le monde".
Une réponse diplomatique alors qu'une procédure est en cours au sein de la CAF sur un incident survenu entre le président Diallo et son homologue marocain Fouzi Lekjaa, dans la tribune présidentielle du stade d'Abidjan, juste avant la rencontre Cote d'Ivoire-Maroc (les deux hommes s'étaient bousculés avant d'être séparés physiquement par des proches).
Le nouveau président de la CAF ne fait pas de mystère quant à ses liens étroits avec le Maroc, alors que Sidy Diallo avait soutenu la candidature de l'ancien président de la CAF Issa Hayatou contre Ahmad Ahmad.
"Le président est entre deux feux mais il a la légalité pour lui", souligne un observateur. Et Sidy Diallo n'a pas manqué de le rappeler: "J'ai été élu pour un deuxième mandat de quatre ans. Je ne démissionnerai donc pas. Je compte rester jusqu'à la fin de mon mandat en 2020".
Avec AFP