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La fièvre des combats d'arts martiaux mixtes gagne l'Afrique


Deux hommes en plein combat d'arts martiaux mixtes lors d'une compétition entre Australie le 20 mars 2016.
Deux hommes en plein combat d'arts martiaux mixtes lors d'une compétition entre Australie le 20 mars 2016.

Sur les rings, on l'appelle "le Loup"! Demarte Pena, trop jeune pour avoir connu la guerre civile dans son pays, l'Angola, est pourtant devenu un combattant redoutable au corps à corps, figure de proue de la jeune ligue professionnelle africaine des arts martiaux mixtes (MMA), un sport en plein expansion sur le continent.

Neveu de Jonas Savimbi, le fondateur du mouvement rebelle angolais UNITA tué en 2002, Demarte est né dans une famille de combattants de la guerre civile, dans une banlieue de Luanda.

"Une fois que tu es sur le ring, le mode +survie+ s'enclenche tout seul", assure l'athlète, dont le père, général de l'UNITA, a également été tué au combat en 1998, poussant sa famille à émigrer en Afrique du Sud.

A 26 ans, celui qui se considère comme un "combattant-né" est toujours invaincu en poids coq au sein de l'EFC (Extrem Fighting Championship), la seule ligue professionnelle d'Afrique de MMA, un cocktail de techniques de frappe pieds-poings, de corps à corps et de lutte au sol.

Lancé en 2009, l'EFC est devenue une rampe de lancement pour les combattants du continent. Cette ligue a déjà sous contrat 120 athlètes venus de Côte d'Ivoire, du Nigeria, d'Angola, du Zimbabwe, du Mozambique et d'Afrique du Sud.

Elle reste évidemment modeste comparée au puissant championnat UFC (Ultimate Fighting Championship) basé aux Etats-Unis, mais elle a permis de faire émerger en Afrique ce sport, dont l'image a évolué positivement ces dernières années mais reste encore souvent sombre, associée - à tort - à une violence sans limites.

Désormais, les télévisions retransmettent en direct des combats disputés devant des foules compactes, attirant jusqu'à 1,5 million de téléspectateurs.

Recevant l'AFP à l'entraînement, dans un gymnase du nord de Johannesburg, Demarte défend son art contre les critiques: "Les gens ne comprennent pas encore que c'est d'abord et avant tout un sport, qui est régulé. Il ne s'agit pas d'arriver pour essayer de tuer l'autre (...) C'est la vue du sang qui impressionne".

"Attirer les sponsors"

Récemment, le Britannique Yannick "Black Mamba" Bahati a conquis le titre des poids moyens contre le Sud-Africain JP "Tinkerbell" ("Fée Clochette") Kruger dans une enceinte de Johannesburg pleine à craquer d'un public de tous âges.

"Ce sport devient de plus en plus populaire sur le continent (...) c'était fantastique", s'enthousiasme le patron de l'EFC, Kairo Howarth.

Les retransmissions télévisées dans plus de 110 pays du monde, explique-t-il, permettent d'améliorer l'image du MMA et d'attirer des sponsors. "Ceux qui nous stigmatisent sont ceux qui sont mal informés", assure-t-il. "Il y a des règles, des catégories et tout un ensemble de réglementations autour du sport".

L'histoire récente a cependant nourri la polémique, avec la mort du poids moyen congolais (RDC) Booto Guylain en 2014, à la suite de blessures à la tête pendant un combat de l'EFC.

Selon Kairo Howarth, le décès de Guylain a poussé l'EFC à renforcer ses règlements, et un scanner du cerveau est désormais obligatoire avant et après chaque combat. "Nous nous sommes dit: 'Faisons tout notre possible pour que cela n'arrive plus'".

Synthèse de tous les sports de combat (boxes, judo, karaté, lutte), le MMA se joue pieds nus, sans casque, sans gants mais avec des protections équivalentes à des mitaines, et selon des règles internationales largement unifiées depuis le début des années 2000. Tous les coups ne sont pas permis mais l'adversaire peut être frappé quand il est au sol, y compris à la tête.

Malgré sa popularité naissante, l'EFC ne paye ses athlètes que pour les combats, qui ne sont pas si fréquents. De sorte que plusieurs des combattants sous contrat doivent travailler malgré leur statut de professionnel. Certains dans des compagnies de sécurité, d'autres comme entraîneurs de sport.

Mais pour Demarte Pena et ses pairs, le rêve suprême est bien sûr d'être admis un jour sur les rings du riche championnat américain UFC, principal promoteur des arts martiaux mixtes dans le monde. L'UFC compte plus de 500 combattants sous contrat... et génère des centaines de millions de dollars de chiffre d'affaires chaque année.

Avec AFP

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