Ces biens - des "trônes royaux, des récades (sceptres royaux), les portes sacrées du Palais d'Abomey, des statues anthropomorphes..." -, actuellement exposés dans des musées français dont le quai Branly, "ont pour le peuple béninois une valeur patrimoniale et spirituelle exceptionnelle", affirment dans cette lettre les représentations française et béninoise du Collectif représentatif des associations noires (Cran France et Cran Bénin).
Elles ont reçu le soutien de la Ligue des droits de l'homme, de SOS Racisme, de députés français et béninois ainsi que de souverains locaux de ce pays d'Afrique de l'Ouest, ex-colonie française indépendante depuis 1960.
Le Cran a également lancé mercredi une pétition en ligne sur la plateforme Change.org, intitulée "Rendez au Bénin les trésors pillés pendant la Colonisation". Poour Louis -Georges Tin du CRAN, la bataille est gagnée d'avance. " Si on échoue avec Francois Hollande on continuera, c'est certain. Je pense d'ailleurs qu'on gagnera, la question c'est quand."
"Il reste au président Hollande encore quelques semaines (...) pour acter la restitution de manière officielle et irréversible" de ces objets du patrimoine béninois, "emportés par les armées coloniales", poursuivent les associations dans leur courrier.
"Ce que la France a fait au Dahomey, à l'époque, c'est le passé. La France d'aujourd'hui n'en est pas responsable. Mais si elle refuse aujourd'hui toute restitution de ces biens très mal acquis, elle se rend de fait solidaire et même complice des spoliations du passé", dénoncent les signataires.
Ils relancent la demande officielle de restitution, adressée à l'été 2016 par le président béninois Patrice Talon mais que le ministère français des Affaires étrangères a refusée en décembre pour les motifs "d'inaliénabilité, d'imprescriptibilité et d'insaisissabilité" des biens culturels.
Concrètement, les signataires demandent la saisie de la Commission scientifique nationale des collections, qui a le pouvoir de prononcer le déclassement d'oeuvres culturelles, et permettre ainsi d'enclencher le processus de restitution.
"Si le président de la République française accepte cette requête, à l'heure où il quitte le pouvoir, il accomplira ainsi un geste pour l'Histoire, un geste pour l'avenir, un geste pour l'amitié entre les peuples", concluent les signataires de la lettre ouverte, précisant que le gouvernement béninois avait "entrepris de créer un musée pour accueillir ces biens".