En 22 ans de pouvoir depuis la fin de la guerre de 1997, jamais la majorité présidentielle ne s'était livrée à tel exercice. Critiquer sans tabou l'action du gouvernement, avant de proposer des solutions.
Pour Pierre Ngolo, le secrétariat général du PCT, le parti présidentiel, prône "une réflexion collective, critique, rigoureuse et sans tabou qui donne à la fin des vraies réponses aux vrais sujets de préoccupation de nos compatriotes".
"Devant les interrogations, le doute et les inquiétudes des citoyens sur leur quotidien, nous devrons penser, bien penser et agir efficacement pour autant qu'il nous incombe de redonner espoir et confiance aux Congolais. A tout notre peuple, nous demandons de vaincre le scepticisme".
La critique de la majorité présidentielle a touché tous les domaines, et la question lancinante de la corruption a été sur toutes les lèvres.
Extrait du communiqué final de ces universités de la majorité au pouvoir : "La corruption, la concussion, la fraude et autres crimes économiques occasionnent des enrichissements sans cause et ruinent l'économie nationale. La corruption constitue un véritable fait de société qui gangrène dangereusement la vie des populations. Elle est principalement due à la faiblesse dans la gouvernance, l'impunité. Il faut appliquer la loi sur la déclaration du patrimoine en vue de renforcer la lutte contre les détournements des deniers publics ; rendre opérationnels tous les organes de contrôle et de lutte contre la corruption et tous les actes inciviques, particulièrement la Haute cour de justice et la Haute autorité de lutte contre la corruption. Traduire en justice les auteurs d'actes d'antivaleurs et de faire aboutir les procédures y relatives, quel que soit le statut des personnes incriminées".
Beaucoup de Congolais saluent cette initiative, mais estiment en même temps que le pouvoir se flagelle et se tire une balle dans le pied. Pour l'opposant Paulin Makaya, la solution se trouve dans un dialogue inclusif : "Il faut qu'on mette en place une commission préparatoire mixte paritaire : opposition, pouvoir, société civile et la diaspora, parce qu'il s'agit du pays qui est malade. Il ne faut pas tergiverser. Nous sommes tous de passage, qu'est-ce qu'on va laisser à ces générations futures. Non, il ne faut pas blaguer avec ce peuple qui a trop souffert !"
Les 42 recommandations formulées par la majorité au pouvoir devraient permettre au gouvernement de revoir sa copie, jusque-là insatisfaite.