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La mobilisation tient bon au Togo


Des centaines de manifestants sont dans les rues de Lomé, au Togo, le 4 octobre 2017. (VOA/Kayi Lawson)
Des centaines de manifestants sont dans les rues de Lomé, au Togo, le 4 octobre 2017. (VOA/Kayi Lawson)

Après trois mois de manifestations rassemblant des milliers d'opposants au régime Gnassingbé, la mobilisation populaire ne faiblit pas au Togo, sur fond de discrètes médiations pour réunir pouvoir et opposition autour de la même table.

Comme presque chaque semaine depuis fin août, ils étaient des milliers à battre le pavé dans les rues de Lomé et d'autres villes du pays jeudi et vendredi, criant des slogans hostiles au président Faure Gnassingbé et à son entourage.

La coalition de 14 partis d'opposition à l'origine de la contestation avait appelé à trois nouvelles journées de marche jusqu'à samedi, pour réclamer des réformes institutionnelles en profondeur et surtout le départ du chef de l'Etat, héritier d'une famille au pouvoir depuis plus de 50 ans.

Si aucun incident n'avait été enregistré vendredi, les manifestations des dernières semaines ont fait au moins 16 morts - dont des adolescents et deux militaires lynchés par la foule - et de nombreux blessés au cours d'affrontements avec les forces de l'ordre, notamment dans le nord du pays.

De l'avis de nombreux observateurs, seule l'organisation d'un dialogue "transparent" - auquel pouvoir et opposition ont donné leur accord de principe - sous l'égide de la communauté internationale permettrait de trouver une issue à la crise.

Dans un communiqué vendredi, treize ONG togolaises et internationales, dont CCFC-Terres solidaires et la Fédération internationale des droits de l'Homme ont demandé aux autorités togolaises de "cesser la répression sanglante" et "d'ouvrir très rapidement des négociations politiques avec les différents acteurs de la crise".

"La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Union africaine, les Nations unies (...) ont l'occasion de démontrer, par la transparence des processus mis en place, qu'elles défendent le droit des peuples à choisir librement leur dirigeant et non pas la défense systématique des pouvoirs en place", ajoutent les ONG.

'Se mettre d'accord'

Plusieurs tentatives de médiations initiées au niveau régional sont justement en cours. Le chef de l'Etat guinéen et président en exercice de l'Union africaine (UA), Alpha Condé, a indiqué jeudi qu'il recevrait prochainement l'opposition pour tenter de trouver une issue "pacifique" à la crise, après avoir rencontré son homologue togolais.

D'autre part, une délégation envoyée par le président ghanéen Nana Akufo-Addo - lui-même mandaté par ses pairs ouest-africains - a rencontré mardi à Lomé les leaders de l'opposition.

La rencontre a notamment permis de "se mettre d'accord" sur le lieu du dialogue, la capitale togolaise, et la mise en place d'un comité préparatoire, qui "sera certainement un comité paritaire" composé de représentants du parti au pouvoir et des 14 partis d'opposition, selon Eric Dupuy, porte-parole de la coalition d'opposition.

C'est ce comité qui devrait fixer l'ordre du jour et l'échéance des discussions, a-t-il précisé à l'AFP. "Mais cette fois-ci, on ne nous imposera rien (...) C'est ensemble que nous allons fixer la date, les termes et la durée des discussions".

Jusque-là, pouvoir et opposition, engagés dans un véritable bras de fer, n'ont cessé de se renvoyer la responsabilité des violences. "Le pouvoir n'a aucunement l'air de vouloir céder à la rue, et les ouvertures qu'il prétend faire n'en sont pas", a commenté avec scepticisme Comi Toulabor, directeur de recherche au LAM (Les Afriques dans le Monde) à Sciencespo Bordeaux, en France.

M. Gnassingbé "continue à semer la terreur et à tuer des gens en utilisant les mêmes méthodes que son père", le général Gnassingbé Eyadéma, qui a régné d'une main de fer sur le pays pendant 38 ans et à qui il a succédé en 2005, a-t-il ajouté.

Le gouvernement togolais avait promis fin septembre d'organiser un référendum pour faire adopter une réforme incluant une limitation des mandats présidentiels, mais la mesure n'est pas rétroactive, permettant au chef de l'Etat qui en est à son troisième mandat, de se représenter en 2020 et de 2025.

En face, l'opposition répète que dialogue ou pas, elle maintiendra ses marches "pacifiques" jusqu'à satisfaction de ses revendications: "retour à la Constitution de 1992" qui limite, rétroactivement, à deux le nombre de mandats présidentiels, "libération de tous les prisonniers politiques" et "vote de la diaspora".

Avec AFP

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