Le lobby le plus puissant des armes à feu est partout, des stands de tir jusqu'à Washington. Et elle influence, financièrement et politiquement, au niveau local et national.
Origine
Deux anciens combattants de la guerre de Sécession créent la National Rifle Association en 1871, consternés par le manque d'adresse au tir de leurs soldats. L'objectif principal de ce club est alors "de promouvoir et encourager le tir au fusil sur une base scientifique".
Le véritable tournant politique de la NRA intervient en 1975: "Reconnaissant le besoin critique d'une défense politique du deuxième amendement, la NRA a créé l'institut pour l'action législative", indique le site de l'organisation.
La NRA se transforme alors en machine politique de lobbying pour défendre le deuxième amendement qui permet de porter des armes à feu aux Etats-Unis. Un droit constitutionnel remontant à 1791 et qui laisse beaucoup de place à l'interprétation.
Membres et moyens d'action
La NRA revendique quelque cinq millions de membres. Le puissant lobby des armes dépense environ 300 millions de dollars par an. Selon l'organisation spécialisée dans le financement électoral, Center for Responsive Politics, la NRA a dépensé plus de cinq millions de dollars en 2017 pour ses activités de lobbying.
La NRA a aussi sa propre télévision, baptisée NRATV et ses propres publications. Selon le New York Times, la NRA se finance grâce aux cotisations de ses membres et des soutiens extérieurs. Parmi eux, des fabricants d'armes notamment.
Une organisation influente
Après la récente fusillade de Parkland, face à un jeune survivant, le sénateur de Floride Marco Rubio ne s'est pas engagé à refuser les dons de la NRA, symbole du pouvoir d'influence de ce lobby.
Directement ou non, la NRA a donné plus de trois millions de dollars à Marco Rubio au cours de sa carrière politique par exemple, selon Center for Responsive Politics.
La NRA dépense aussi sans compter en période électorale: environ 10 millions de dollars pour soutenir la campagne Trump, quelque 20 millions pour démolir celle de Hillary Clinton en 2016.
L'organisation attribue également des notes aux candidats et aux parlementaires, de A (la meilleure note) jusqu'à F, en fonction de leurs prises de position sur les armes.
Selon le Washington Post, l'immense majorité des sénateurs démocrates ont un F tandis que seulement trois républicains ont une note en-dessous de A.
Les personnalités de la NRA
Après notamment le célèbre acteur Charlton Heston, président de la NRA de 1998 à 2003, son PDG est aujourd'hui Wayne LaPierre. Ce dernier s'est illustré en dénonçant "la politisation honteuse de la tragédie" en Floride. Une allusion à ceux qui veulent une régulation plus sévère.
Le visage de la NRA est aussi celui de sa porte-parole, Dana Loesch. Elle apparaît notamment dans une publicité: un cliché d'elle, briquet allumé, exemplaire du New York Times à la main, avec ce slogan: "Soutenez la NRA. Aidez à combattre les médias dangereux".
Mais la véritable tête pensante de l'organisation est une lobbyiste de Floride âgée de 78 ans. Marion Hammer est présentée par le New Yorker comme à l'origine de plusieurs lois pro-armes.
Réaction après des fusillades
"La seule façon de stopper un méchant avec une arme est de lui opposer un gentil avec une arme". Ces mots ont été prononcés par Wayne LaPierre en 2012, en réponse à la fusillade de Sandy Hook, où 20 enfants de primaire et six adultes ont péri.
Après le drame du lycée de Parkland, l'organisation a épinglé les autorités locales pour ne pas avoir agi malgré plusieurs signalements du risque représenté par Nikolas Cruz, l'auteur de la tuerie.
Changement possible après Parkland?
Mobilisation des lycéens pour plus de régulation des armes à feu, grande marche à Washington le 24 mars, des grandes compagnies qui coupent leurs partenariats avec la NRA, les lignes seraient-elles en train de bouger?
Pour le lobby en tout cas, pas question de relever l'âge légal pour acheter des armes semi-automatiques, de 18 à 21 ans, comme l'a évoqué le président Trump. Et certains élus républicains semblent réticents à adopter une nouvelle loi pour l'instant.
L'un des alliés de ce lobby s'appelle d'ailleurs Donald Trump: "Il n'y a pas de plus grand fan du deuxième amendement et de la NRA que moi".
Avec AFP