Dans un discours passionné, Stacey Abrams a eu des mots très durs contre son adversaire, qui occupait jusqu'à récemment le poste de secrétaire d'Etat de Géorgie, chargé justement de superviser les élections dans cet Etat encore profondément marqué par les blessures de la ségrégation.
"Je reconnais que l'ancien secrétaire d'Etat Brian Kemp sera certifié vainqueur", a-t-elle déclaré devant des supporteurs. "Mais voir un responsable qui prétend représenter les citoyens d'un Etat appuyer ses espoirs d'être élu sur la restriction du droit de vote a été tout simplement déplorable", a asséné l'ancienne élue de l'Assemblée de Géorgie, âgée de 44 ans.
En face, les républicains ont joué l'apaisement après une campagne tendue.
Le président américain Donald Trump a félicité son candidat mais aussi la "belle et dure" campagne de Stacey Abrams. "Elle aura un très bel avenir politique!" a-t-il écrit sur Twitter.
Impressionnés par sa campagne, plusieurs stratèges démocrates la voient également promise à une prochaine étape brillante, certains évoquant même une possible candidature à la présidentielle 2020.
Brian Kemp, 55 ans, a de son côté appelé au rassemblement. "Nous devons dépasser les politiques de division et tourner la page pour nous concentrer sur l'avenir brillant et prometteur de la Géorgie", a-t-il écrit sur Twitter.
Espérant devenir la première femme gouverneure noire des Etats-Unis, la démocrate avait reçu le soutien de personnalités de marque, dont l'ex-président Barack Obama et la star de la télévision Oprah Winfrey.
Brian Kemp a finalement enregistré environ 55.000 voix de plus que Stacey Abrams dans cette Etat de 10 millions d'habitants, soit 50% contre 49% des voix, lors du scrutin du 6 novembre.
Une courte victoire que l'équipe de Mme Abrams a mis du temps à accepter, après avoir dénoncé pendant la campagne une tentative de restreindre l'accès au vote, notamment chez les électeurs noirs.
"En tant que dirigeante, je devrais être stoïque dans mon indignation et silencieuse dans mon rejet. Mais le stoïcisme est un luxe et le silence est une arme pour ceux qui veulent faire taire la voix du peuple", a lancé Stacey Abrams vendredi.
"Il ne fait aucun doute que (...) Brian Kemp et les républicains de Géorgie ont lancé une campagne longue de plusieurs années pour restreindre l'accès des électeurs au vote, qui a privé ces derniers de leur droit constitutionnel", a renchéri le parti démocrate américain dans un communiqué.
"Les machines de vote n'ont pas bien marché, les listes électorales ont été expurgées, et les gens ont dû faire la queue pendant des heures pour déposer leur bulletin", affirment-ils.
- Suspense en Floride -
Dans la Floride voisine, le résultat des élections parlementaires américaines du 6 novembre reste lui plongé dans le suspense.
De nombreux volontaires ont participé vendredi au premier jour du dépouillement à la main des bulletins de vote pour un siège au Sénat américain, ordonné par les autorités.
C'est la troisième fois que les bulletins de vote sont examinés depuis le scrutin.
L'écart séparant le candidat républicain et gouverneur de la Floride, Rick Scott, du sénateur démocrate sortant, Bill Nelson, était infime jeudi (+0,15 point).
Le nouveau dépouillement, centrés sur les seuls bulletins problématiques, doit être achevé d'ici dimanche. Les autorités donneront un résultat final mardi.
Quoi qu'il arrive, les républicains garderont leur majorité au Sénat en janvier.
Sans attendre que les autorités de Floride, dont il est pourtant responsable en sa qualité de gouverneur, ne donnent leur résultat officiel, Rick Scott s'est déjà déclaré vainqueur.
L'élection pour le poste de gouverneur de Floride est également très serrée. Mais le deuxième dépouillement automatique a confirmé jeudi l'avance de 0,41 point du républicain Ron DeSantis face au démocrate Andrew Gillum.
Donald Trump a félicité une nouvelle fois son poulain M. DeSantis vendredi soir. Mais Andrew Gillum, qui tentait de devenir le premier gouverneur noir de Floride, n'a toutefois pas encore reconnu sa défaite.
Avec AFP