"Il ne s'agit en aucun cas d'une présidentialisation ou d'une monarchisation" de la République, a déclaré au cours d'une conférence de presse le porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni Aila Oyouomi, en réponse aux critiques sur ce thème de l'opposition.
Il ne faut pas "travestir" le texte, a ajouté le porte-parole, citant en exemple des "avancées" en matière de démocratie comme la volonté de mise en place d'un scrutin à deux tours pour les élections présidentielles.
"Il est dans l'intérêt de notre démocratie de dépassionner le débat", a-t-il assuré, alors que "chacun est libre d'exprimer ses opinions".
Le texte, a-t-il rappelé, "est issu des débats et des échanges" qui ont eu lieu lors du "dialogue politique" (mars-mai 2017) souhaité par l'exécutif pour tourner la page d'une présidentielle 2016 mouvementée dans un pays qui se prépare à des législatives reportées par deux fois.
Ce projet de loi sur une septième révision de la Constitution depuis 1991 devrait être débattu prochainement devant le parlement qui va "proposer des amendements et trancher", avant d'être soumis à la Cour constitutionnelle, a indiqué M. Ngouoni Aila Oyouomi.
Il ne faut pas faire de "procès d'intention" au parlement, alors que les députés "font souvent la preuve de leur indépendance d'esprit", a affirmé le porte-parole, alors que l'Assemblée nationale et le Sénat sont composés en large majorité de représentants du PDG, le parti du président Ali Bongo Ondimba.
Le texte n'a pas été rendu public mais circule sur les réseaux sociaux et a suscité une levée de boucliers du côté de l'opposition, qui a dénoncé une "monarchisation" du pouvoir.
L'opposant Jean Ping, qui conteste toujours la réélection d'Ali Bongo à la tête de l'Etat gabonais en août 2016, a déclaré samedi que la révision "porte les germes" de "l'instauration d'un royaume au Gabon".
Jeudi, le sixième vice-président du Sénat, l'opposant Jean Christophe Owono Nguema, et le leader d'un parti de l'opposition, l'UPG, Jean De Dieu Moukagni Iwangou, auteurs de récentes sorties médiatiques sur le sujet, ont appelé les "citoyens à se mobiliser pour défendre la patrie et protéger la Constitution", dans une déclaration commune fustigeant la "confiscation du pouvoir" et son exercice "absolu" par Ali Bongo.
Tous deux ont dénoncé entre-autres, dans le nouveau projet constitutionnel, "l'omission d'insérer la limitation des mandats" présidentiels, mais aussi la suppression de l'âge minimum pour les candidats à la présidentielle ou encore le "serment d'allégeance" des membres du gouvernement au chef de l'Etat.
Le Gabon est dirigé depuis 2009 par Ali Bongo, fil d'Omar Bongo, président de 1967 à sa mort en 2009.
Avec AFP