Un diplomate zambien en poste au Congo a, pour sa part, soutenu que ces cargaisons ont été arraisonnées "parce que certains Zambiens, en complicité avec des Congolais, contournent l'interdiction de coupe et d'exportation du bois rouge de Zambie, en obtenant facilement par la fraude des documents d'exportation délivrés par la RDC pour du bois en réalité coupé sur le territoire zambien".
"Il est inadmissible que le bois coupé sur le territoire congolais soit bloqué en Zambie", a déclaré à l'AFP le vice-ministre congolais de l'Environnement, Aje Matembo, en mission à Lubumbashi, capitale du Haut-Katanga, province du sud-est de la RDC frontalière de la Zambie.
Pourtant, si le bois provient du Congo comme l'affirme Kinshasa, il y a été coupé illégalement car les autorités nationales n'ont délivré aucun permis d'exploitation forestière au Haut-Katanga et dans les autres provinces issues du démantèlement de l'ex-Katanga.
Selon Jacques Mubwama, chef de la division provinciale de l'Environnement, la saisie concerne "449 camions transportant chacun entre 30 et 37 m3" d'une variété de padouk, bois très dense prisé pour la construction et l'ébénisterie. Destinées au marché chinois, les cargaisons sont bloquées "depuis trois semaines" en Zambie, dit-il.
"L'enquête prend du temps parce qu'il n'est pas facile de démêler le bois coupé effectivement en RDC de celui coupé en Zambie", explique le diplomate zambien.
Du côté congolais, M. Matembo reconnaît "qu'il y a des failles" dans les contrôles en RDC, un des pays les plus corrompus de la planète, et promet de "procéder sans plus tarder à la traçabilité du bois congolais", alors que, selon des sources administratives et commerciales, les autorités locales délivrent des permis d'exploitation et d'exportation au mépris de la législation nationale.
"J'ai mes six camions bloqués, j'engage des frais supplémentaires dans l'indifférence totale des autorités", a déploré à l'AFP une "exportatrice".
"Je salue la décision de la Zambie d'avoir bloqué ces cargaisons", a déclaré au contraire à l'AFP Mgr Fulgence Muteba, évêque catholique de Kilwa-Kasenga, qui dénonce de longue date les "coupes sauvages de bois rouge" dans son diocèse du centre du Haut-Katanga. En matière forestière, "aucune norme n'est respectée", a-t-il déploré.
Les paysages de savane boisée du Haut-Katanga sont ravagés depuis des années par l'exploitation forestière illégale, tournée principalement vers la production de charbon de bois, pratiquement la seule source d'énergie disponible pour la population, largement privée d'électricité.
Avec AFP