Cette décision fait suite à une plainte de citoyens et d'organisations de défense des droits humains au Nigeria contre l'Etat, déposée en juillet 2021, un mois après le début de l'interdiction du réseau social américain dans le pays le plus peuplé d'Afrique.
Après sept mois de suspension, Twitter avait de nouveau été autorisé en janvier 2022 après des négociations entre Abuja et les responsables du réseau social.
Selon la Cour de justice de la Cédéao, cette suspension était "illégale et incompatible" avec la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, écrit l'institution dans ce compte-rendu de justice envoyé à l'AFP.
Elle considère qu'avec cette suspension, le Nigeria a violé les droits des citoyens et ONG – à l'origine de la plainte – à "jouir de leur liberté d'expression et d'accès à l'information et aux médias". En outre, elle ordonne à l'Etat nigérian de garantir que cette interdiction illégale de Twitter ne se répète pas à l'avenir.
Abuja avait annoncé en juin 2021 la suspension de Twitter pour "une durée indéterminée" après avoir notamment accusé le réseau social d'avoir une "mission suspecte" contre le gouvernement nigérian, et de tolérer sur sa plateforme les messages du chef d'un groupe séparatiste incitant à la violence dans le sud-est du Nigeria.
La suspension de Twitter était intervenue deux jours après la suppression par le réseau social d'un message du président Muhammadu Buhari. Le chef de l'Etat avait menacé de "traiter avec un langage qu'ils comprennent" les responsables des violences dans le sud-est du Nigeria – attribuées par les autorités à des séparatistes igbos –, et ravivant les terribles souvenirs de la guerre du Biafra qui a fait plus d'un million de morts dans les années 1960.
La suspension de Twitter, puis l'ordre du gouvernement aux médias audiovisuels de supprimer leur compte dans un geste "patriotique", avait suscité une profonde consternation au Nigeria, pays jeune, très connecté, où ce réseau social est un important outil de contestation sociale. Elle avait été largement condamnée par la communauté internationale.