A l’occasion de leur dernière réunion jeudi dernier, les pays membres de l'OPEP ont décidé de ne pas réduire leur production, sur fond de baisse des cours du brut. Si le baril de brut s’échangeait cet été à plus de 100 dollars, il a sombré ces jours-ci à moins de 70 dollars.
On pourrait croire que pour les consommateurs américains, la chute des prix du pétrole est une manne tombée juste à temps pour mieux affronter l’hiver. En réduisant les coûts de l’énergie, cette baisse des prix devrait leur permettre d’économiser sur leurs frais de chauffage, et de transport. Mais voilà, pour un autre secteur de l’économie américaine, la nouvelle est mauvaise.
Car l'essor de la production de pétrole de schiste aux États-Unis est en partie à l’origine de la chute du prix du baril d'un tiers depuis le mois de juin. Mais voilà qu’avec cette baisse, les producteurs d'hydrocarbures de schiste américains risquent d’être obligés de produire à perte.
Jusqu’à récemment, l’économie du Dakota du Nord était en pleine expansion. Ce qui profite d’ailleurs au reste du pays.
« La fracturation hydraulique est le miracle qui a fait chuter les prix de l’essence » explique Phil Flynn, expert au Price Futures Group.
Les Etats-Unis peuvent dès à présent envisager d’être indépendant au plan énergétique. « La qualité du pétrole permet de produire plus d'essence qu’avec le baril traditionnel, et les raffineurs américains en profitent », ajoute M. Flynn.
Austan Goolsbee, professeur d’économie à la Booth School of Business de l’université de Chicago, avertit néanmoins que si la production de pétrole et de gaz a considérablement augmenté aux Etats-Unis, ce n’est pas une panacée. « Il y a un problème. Le coût de la production en Amérique du Nord a tendance à être supérieur aux régions moins chères, notamment l’Arabie Saoudite », explique le professeur Goolsbee.
D’ailleurs, Riyad en est bien conscient, et cela explique pourquoi l’Organisation des pays producteurs de pétrole, l’OPEP, a, jusqu’à présent, refusé de réduire sa production.
« Ils tentent de geler la révolution du gaz de schiste. Ils tentent d’inonder le marché de leur pétrole, et de faire tomber les prix encore davantage, pour mettre fin à la fracturation hydraulique”, affirme M. Flynn.
Selon le professeur Goolsbee, les producteurs de pétrole et de gaz de schiste ne pourraient probablement pas tenir le coup si le prix du baril sombre en-dessous de 75 dollars, ou se maintient plusieurs années de suite aux alentours des 65 dollars le baril. « Beaucoup d’entre eux feront faillite », prédit- il.
Ironie du sort: le fait que les véhicules américains deviennent toujours moins gourmands en essence n’aide pas les producteurs, la demande baissant.