Ce nouveau code électoral, voté par les députés de la majorité, consacre la carte nationale d'identité et le passeport comme les seules pièces servant à l'inscription sur les listes électorales et au vote, mais exclut l'usage de la carte consulaire pour les Burkinabè de l'étranger.
Cette nouvelle disposition est décriée par l'opposition qui y voit une "exclusion" et un "recul démocratique" par rapport à l'ancien code électoral qui permettait l'usage de la carte consulaire.
Selon l'opposition, la majorité des Burkinabè vivant à l'étranger ne disposent que d'une carte consulaire, alors que leurs cartes nationale d'identité ou passeport, quand ils en ont, sont périmés.
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Quelque 11 millions de Burkinabè vivent hors de leur pays, selon le ministère des Affaires étrangères, tandis que 16 millions de Burkinabè vivent au Burkina.
En Côte d'Ivoire, sur 980.000 Burkinabè détenteurs de carte consulaire, seulement 300.000 possèdent une carte nationale d'identité et 100.000 un passeport, selon des chiffres de l'Office nationale d'identification burkinabè.
Selon Mahama Zoungrana, un député de l'opposition, "c'est dire qu'en l'état en Côte d'Ivoire, un des pays qui accueille le plus de Burkinabè, plus de la moitié de ces détenteurs de cartes consulaires et qui n'ont pas d'autres pièces ne peuvent pas participer au vote".
Les députés de l'opposition ont claqué la porte de l'hémicycle au moment du vote pour montrer leur "refus de cautionner l'exclusion de millions de Burkinabè à l'élection (présidentielle) de 2020".
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"Le projet de loi est de nature à réduire de façon draconienne la participation effective des Burkinabés de l'étranger à la prochaine élection", a expliqué le porte-parole des groupes parlementaires de l'opposition Nicolas Dah.
Le gouvernement a réfuté les allégations de l'opposition.
"Il n'est pas question "d'exclure des personnes pour des raisons politiques", mais de s'assurer de "la nationalité des électeurs", a déclaré Siméon Sawadogo, ministre de l'administration territoriale .
Selon lui, la carte consulaire est un document d'identification et non d'identité, et pose donc un problème de fiabilité.
Pour le président de l'Assemblée nationale Alassane Bala Sakandé, cette loi "est une avancée démocratique majeure" car "le vote des Burkinabè de l'étranger a toujours été considéré comme un serpent de mer : des promesses qui ne viennent jamais".
Lors de sa campagne qui l'a portée au pouvoir en 2015, le président Roch Marc Christian Kaboré avait promis de mettre en place le vote des Burkinabè de l'étranger, en gestation depuis 2009.
Avec AFP