A Kaya, dans le centre-nord, se trouve le plus grand centre hospitalier de la région, à une centaine de kilomètres de la capitale burkinabè.
Dix filles y sont internées, dont 9 ont été excisées. Leurs âges varient entre 4 et 15 ans. Selon les agents de santé, elles sont arrivées dans un état critique. Il fallait vite agir pour éviter le pire.
"Il s’agit pour nous de réparer les séquelles d’excision et surtout d'arrêter l’hémorragie", explique le Dr Honoré Tindéri, chef du service gynécologique et obstétrique. "Parce qu’ici, c’était l’hémorragie qui était la priorité et ensuite faire les soins locaux pour éviter l’infection".
La ministre de la Femme, Laurence Ilboudo, a expliqué être "choquée", car depuis des années "nous prônons l’arrêt de ces pratiques parce que ça ne peut pas aider la femme à progresser. Il est vraiment déplorable aujourd’hui de constater qu’il y a encore des parents qui continuent à s’adonner à cette pratique."
À Ouagadougou, au Centre médical protestant Schiphra, l’un des grands établissements sanitaires de la capitale, le constat est amer. Quarante-et-une filles, entre 10 et 21 ans sont aussi victimes d’excision.
Les séquelles peuvent être très graves. Le docteur Dieudonné Ouédraogo, responsable du service gynécologique et obstétrique au centre, souligne "que ces types d’excisions et d'infections qui s’annoncent déjà, si on ne fait rien, elles vont mal cicatriser et il y aura beaucoup de séquelles pour leur vie sexuelle et pour l’accouchement".
La pratique des mutilations génitales féminines (MGF) est illégale au Burkina Faso depuis 1996.
Néanmoins, elle demeure répandue dans plusieurs parties du pays. Le gouvernement veut y mettre un terme en appliquant la loi dans toute sa rigueur.
"J’ai vu mon collègue de la Justice qui a saisi le procureur", a annoncé la ministre de la Femme Laurence Ilboudo. "Il faut que les gens comprennent que l’excision est interdite et les lois doivent être appliquées dans leur rigueur".
Amnesty International a rappelé dans un communiqué l’urgence de protéger les filles contre les mutilations génitales féminines.
En 2015, 67.6% des femmes et filles burkinabè âgées de 15 à 49 ans déclaraient avoir subi l’excision selon une enquête multisectorielle.