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Le Canada rend hommage aux victimes autochtones


Des militants des droits des Autochtones défilent après le "Pique-nique du 150e anniversaire du Canada", à Toronto, en Ontario, le 1er juillet 2017. (Photo Reuters /Mark Blinch)
Des militants des droits des Autochtones défilent après le "Pique-nique du 150e anniversaire du Canada", à Toronto, en Ontario, le 1er juillet 2017. (Photo Reuters /Mark Blinch)

Le Canada a marqué jeudi sa première journée nationale de "vérité et de réconciliation" pour rendre hommage aux victimes et reconnaître les "terribles erreurs" du passé. Des milliers d'enfants autochtones ont été abusés ou ont disparu des pensionnats pendant plus d'un siècle.

Le scandale des pensionnats a provoqué un vrai électrochoc.

"C'est un jour pour réfléchir. C'est un jour pour honorer. C'est un jour pour faire son deuil. C'est un jour pour verser des larmes", a estimé jeudi l'Algonquine Claudette Commanda lors d'une cérémonie devant le Parlement à Ottawa.

Ces derniers mois, plus d'un millier de tombes anonymes ont été retrouvées près d'anciens pensionnats catholiques pour autochtones, remettant en lumière une page sombre de l'histoire canadienne et sa politique d'assimilation forcée des Premières Nations.

Le 30 septembre, qui était traditionnellement la rentrée dans les pensionnats, est depuis plusieurs années une journée de commémoration pour les peuples autochtones au Canada. Cet été, le gouvernement a décidé d'en faire une journée nationale. Dans plusieurs provinces du pays, c'est un jour férié dorénavant.

"La tragique découverte de tombes anonymes nous a rappelé non seulement les conséquences du colonialisme et les dures réalités de notre passé collectif, mais aussi le travail primordial que nous devons accomplir pour faire progresser la réconciliation", a déclaré jeudi le Premier ministre Justin Trudeau dans un communiqué.

La veille, prenant la parole à Ottawa devant le Parlement canadien, la tour de la Paix illuminée pour l'occasion en orange - couleur symbolisant la souffrance des Autochtones - ce dernier a appelé les Canadiens à reconnaître "les terribles erreurs" du passé même s'il n'est pas "facile d'entendre que c'est ça, l'histoire de notre pays".

La reine Elizabeth II, cheffe d'Etat en titre du Canada, a expliqué dans un communiqué de Buckingham, se "joindre à tous les Canadiens dans la réflexion sur le douloureux passé que les peuples autochtones ont vécu dans les pensionnats" et évoqué le travail encore nécessaire pour "guérir et continuer à bâtir une société inclusive".

De la fin du XIXe siècle aux années 1990, quelque 150.000 enfants amérindiens, métis, et inuits ont été enrôlés de force dans 139 pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture.

- Journée orange -

"Nous ne voulons plus de paroles, nous réclamons des actions", a affirmé à l'AFP Nakuset, la directrice générale du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, qui organise jeudi une marche dans la métropole francophone en collaboration avec l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador.

Vêtue d'un t-shirt orange, celle dont la mère a fréquenté le pensionnat de Prince-Albert, dans le centre du pays, a qualifié de "point de départ" la mise en place de cette journée nationale.

"Nous pouvons tous comprendre ce que cela peut être de perdre un enfant. Nous pouvons tous comprendre ce que cela peut être de perdre nos parents, nos familles et nos communautés", a déclaré Jenny Sutherland, dont la grand-mère a été placée dans un pensionnat.

Pour elle, il est important que tous les Canadiens reconnaissent le "racisme systémique sur lequel ce pays a été fondé".

Pour la première fois, l'Eglise catholique du Canada a présenté la semaine dernière des excuses officielles aux peuples autochtones évoquant un "traumatisme historique et continu, de même que l'héritage de souffrances et de défis qui perdure encore aujourd'hui".

"C'est très important que cette histoire ne soit pas uniquement une histoire des Autochtones mais qu'elle soit partagée par tous", estime Marie-Pierre Bousquet, professeure d'anthropologie à l'université de Montréal qui rappelle que les peuples autochtones demandaient l'instauration de cette journée depuis des années.

"Aujourd'hui on constate que les Canadiens se demandent +Mais finalement il est fondé sur quoi notre pays ? Quelle est notre histoire nationale ?+", ajoute-t-elle parlant d'un électrochoc pour la société.

Depuis les révélations sur les pensionnats, les témoignages de survivants racontant mauvais traitements, abus, viols se sont multipliés, provoquant une onde de choc dans le pays alors qu'autour des terrains des pensionnats les recherches se poursuivent pour retrouver les corps d'autres enfants portés disparus.

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