La fuite vers le pays de Justin Trudeau semble plus que jamais envisagée par certains Américains, en attestent les recherches Google "moving to Canada" (déménager au Canada) qui ont grimpé de plus de 75% aux Etats-Unis depuis mardi soir.
Sur les réseaux sociaux, la frénésie balançait entre sérieux et humour. De nombreux Américains s'échangeaient les démarches nécessaires pour émigrer quand des Canadiens s'amusaient de ces réactions épidermiques.
"Sentez-vous libre de déménager au Canada, nous avons les soins gratuits, la poutine, le sirop d'érable et le bon côté des chutes du Niagara", a par exemple écrit Julia Wild sur Twitter.
La référence à la poutine, plat traditionnel québécois fait de frites recouvertes d'une sauce brune avec des morceaux de fromage, fleurissait sur les réseaux sociaux.
Symbole de cet intérêt pour le Canada, le site internet du ministère canadien de l'Immigration est longtemps resté inaccessible mardi soir, à mesure que la victoire de Donald Trump se confirmait.
Les agences d'aide à l'installation se frottaient déjà les mains. "Nous avons beaucoup plus de demandes d'Américains" pour s'installer au Canada, a reconnu mercredi à l'AFP le cabinet CanReach, établi en banlieue de Toronto.
Anonymes ou célébrités, des centaines d'Américains avaient promis qu'en cas de victoire du candidat républicain ils déménageraient de l'autre côté de la frontière et mercredi sur Twitter le hashtag #movingtoCanada était l'un des plus populaires.
Ici, une Américaine publie les paroles de l'hymne national canadien qu'il "vaut mieux apprendre", là quelqu'un rappelle qu'il est interdit au nord de la frontière de se promener avec son arme à feu.
Opportuns, des agents immobiliers appellent les candidats au départ à leur confier la vente de leurs domiciles.
Mur et camps de réfugiés
Reste à voir combien passeront de la parole aux actes.
Fortement engagé aux côtés de la candidate démocrate Hillary Clinton, Hollywood pourrait perdre quelques têtes d'affiches.
L'une des dernières célébrités à avoir averti de son exil en cas de victoire de M. Trump a été le héros de la série culte "Breaking Bad", Bryan Cranston, il y a dix jours.
Avant lui, Chloe Sevigny, Keegan-Michael Key ou Neve Campbell avaient fait de même, tout comme Lena Dunham. Donald Trump avait réagi en qualifiant cette dernière, auteur de la série "Girls", "d'actrice de deuxième zone".
"À chaque élection, des gens jurent que si leur candidat ne gagne pas, ils déménageront au Canada", avait réagi au printemps le Premier ministre Trudeau. "Si cela avait été le cas au cours des dernières décennies, il y aurait plus d'habitants au Canada qu'aux Etats-Unis, alors qu'on représente toujours un dixième de la population américaine".
A moins d'être un riche investisseur, les candidats américains à l'immigration seront traités comme tout autre immigrant: ils devront ainsi avoir trouvé un emploi avant d'avoir un visa, à moins d'avoir de la famille au Canada et de faire jouer une clause de regroupement familial.
"Si Donald gagne, moi, je bâtis un mur et je lui envoie la facture", avait averti lundi, en plaisantant, le maire de Montréal, Denis Coderre. A ses côtés, le maire de Québec Régis Labeaume avait surenchéri: "On ouvre un camp de réfugiés à Québec, nous autres!".
Coutumier des phrases choc, Denis Coderre ne cachait pas sa déception mercredi en assurant sur Twitter, que le "Bureau d'intégration des nouveaux arrivants de Montréal sera ouvert exceptionnellement après le vote américain..."
Avant même le résultat de l'élection, Ottawa avait fixé à 300.000 le nombre total d'immigrants accueillis en 2016/2017, un nombre record, seulement atteint en 2015/2016 avec l'accueil de 30.000 réfugiés syriens.
Si les Américains ont un tout autre profil que ces personnes fuyant la guerre civile, ils devront, comme eux, s'habituer notamment à l'hiver rigoureux qui s'étend sur la moitié de l'année.
Avec AFP