La possibilité d'une présidence Trump, qui constituerait un véritable séisme politique, a violemment secoué les marchés. Le dollar a chuté alors que les investisseurs se précipitaient sur les valeurs refuges comme l'or et les marchés obligataires.
Le tribun, qui s'est présenté comme l'outsider déterminé à mettre fin à la corruption des élites politiques, avait prédit lundi un "Brexit puissance trois", référence au vote surprise des Britanniques pour sortir de l'Union européenne.
Accusé de xénophobie et de sexisme par ses adversaires, l'homme d'affaires, en qui personne ne croyait lorsqu'il a lancé sa candidature en juin 2015, n'a jamais occupé le moindre mandat électif.
La Caroline du Nord et l'Ohio, deux autres Etats cruciaux, sont aussi tombés dans son escarcelle.
Les yeux rivés sur ce décompte haletant, Etat par Etat, point par point, le monde était suspendu à l'issue du scrutin dans une toute petite poignée d'Etats : Michigan, Wisconsin, Pennsylvanie, New Hampshire.
Preuve que la confiance était au plus haut dans le camp Trump, le magnat de l'immobilier a tweeté un photo de lui avec son colistier Mike Pence, son équipe et sa famille regardant les résultats depuis l'imposante Trump Tower à Manhattan.
'Le pays veut du changement'
"Je pense que nous allons gagner !", lançait Brendon Pena, 22 ans, supporteur de Trump, présent dans l'hôtel new-yorkais où l'équipe de campagne du milliardaire avait prévu "une fête de victoire". "J'y ai toujours cru. Je pense que Donald Trump est un type très intelligent", ajoutait-il.
"C'est incroyable ! Je pense qu'il va aller jusqu'au bout", soulignait de son côté Glenn Ruti, 54 ans. "Le pays veut du changement".
Le baromètre établi en direct par le New York Times, donnait plus de 90% de chances à Donald Trump de conquérir la Maison Blanche.
A l'inverse, les mines s'allongeaient à l'intérieur de la soirée électorale d'Hillary Clinton, 69 ans, qui espère devenir la première femme présidente des Etats-Unis.
La voix des journalistes de CNN et de CBS, projetées sur des écrans géants, résonnaient dans un étrange silence.
"Ca va pas fort", lâchait Joan Divenuti, retraitée des chemins de fer venue du Massachusetts. "La Floride a toujours été un problème", ajoutait-elle en secouant la tête.
"C'est tout simplement incroyable", se désolait Anabel Evora, 51 ans. "Je prie et je ne suis pas croyante...Nous avons besoin d'un miracle". "Je suis triste, je sens que je vais pleurer".
Plus de 200 millions d'Américains étaient appelés aux urnes mardi pour choisir le successeur de Barack Obama, qui quittera la Maison Blanche le 20 janvier après huit années au pouvoir.
L'objectif des deux candidats: franchir le cap crucial des 270 grands électeurs, requis pour être élu président de la première puissance mondiale. M. Trump en avait 217 et Mme Clinton 202 à 04H15 GMT, selon un décompte de l'AFP.
Hillary Clinton était arrivée à New York en début de soirée pour affiner avec son équipe le discours qu'elle prononcera, quel que soit le verdict des urnes, dans un centre de conférences au toit de verre, le Javits Convention Center.
"J'espère qu'il y a plus d'Américains sains d'esprit que fous", disait Sharon Jones, 50 ans, venue de Chicago. Et si Donald Trump l'emportait mardi soir ? "Il paraît que le Canada c'est très beau au printemps", plaisantait-elle, avant qu'une avalanche de résultats ne rende cette hypothèse plus probable.
Une campagne agressive
La campagne, particulièrement violente, faite souvent d'attaques personnelles, a laissé un goût amer dans un pays plus que jamais divisé, et a accru la méfiance des Américains envers leur classe politique.
Il a été brièvement hué lorsqu'il est allé voter dans une école près de la tour Trump où il habite sur la Ve avenue de New York.
Hillary Clinton a voté avec son mari près de leur domicile de Chappaqua, en banlieue nord de la ville.
La démocrate comptait sur les minorités, les électeurs blancs diplômés et sur les femmes qui constituent la majorité de l'électorat (environ 52% lors des précédentes présidentielles).
Celle qui a été tour à tour Première dame, sénatrice de New York puis chef de la diplomatie américaine, présente un CV impressionnant, mais sa personnalité suscite peu d'enthousiasme.
Les Américains votaient aussi mardi pour renouveler 34 des 100 sièges du Sénat à Washington. Les républicains ont par ailleurs conservé leur majorité à la Chambre des représentants.
Le sénateur Marco Rubio, ancien rival de M. Trump aux primaires, a conservé son siège.
Douze des 50 Etats américains élisent aussi de nouveaux gouverneurs, et des dizaines de référendums locaux sont organisés, sur des questions allant de la légalisation de la marijuana à la suppression de la peine de mort dans une trentaine d'Etats.
Avec AFP