Le Centre pour les droits juridiques et les droits de l'Homme (LHRC) a notamment évoqué le cas du numéro deux de l'opposition au parlement, Tundu Lissu, arrêté mardi pour la sixième fois depuis le début de l'année, cette fois pour "insulte au chef de l'Etat" après avoir révélé la saisie au Canada d'un avion commercial acheté par le gouvernement tanzanien.
Dans un communiqué publié jeudi, le LHRC déplore "le harcèlement des députés de l'opposition", avec notamment de multiples arrestations "en violation de la loi et des principes des droits de l'Homme".
L'ONG a également cité l'arrestation samedi de la députée Ester Bulaya au motif qu'elle se préparait à prendre part à un rassemblement en dehors de sa circonscription électorale de Bunda-ville (nord-ouest). "Quelle loi interdit cela?", a interrogé l'ONG, soulignant que Mme Bulaya est actuellement hospitalisée après être tombée gravement malade durant sa garde-à-vue.
Le LHRC mentionne enfin le cas du député de la ville septentrionale d'Arusha, Godbless Lema, arrêté mercredi pour avoir, s'indigne l'ONG, dépassé de sept minutes le délai qui avait été imparti à une réunion publique qu'il tenait avec son électorat.
Ces trois élus mentionnés par le LHRC sont membres du Chadema, le principal parti d'opposition en Tanzanie. Le plus souvent visé d'entre eux, Tundu Lissu, est poursuivi pour "sédition" dans plusieurs affaires ouvertes devant les tribunaux.
L'ONG a appelé le gouvernement à "respecter le droit de tous les partis politiques à mener leurs activités librement conformément à la constitution tanzanienne qui reconnaît le multipartisme".
Surnommé "Tingatinga" (bulldozer en swahili), le président Magufuli a marqué les esprits depuis sa prise de fonctions fin 2015 en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption. Mais son style peu consensuel et abrupt lui vaut d'être qualifié d'autocrate et de populiste par ses détracteurs, alors que la liberté d'expression est de plus en plus réduite dans le pays.
En plus des arrestations de députés, des meetings de partis d'opposition ont été interdits, des journaux fermés, des journalistes et artistes molestés ou menacés de mort pour avoir critiqué la nouvelle administration.
Avec AFP