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Le chef de la police kényane démissionne après des manifestations meurtrières


La police anti-émeute kenyane tirant une bombe lacrymogène lors d'une manifestation anti-gouvernementale dans le centre de Nairobi, le 2 juillet 2024. (AFP / SIMON MAINA)
La police anti-émeute kenyane tirant une bombe lacrymogène lors d'une manifestation anti-gouvernementale dans le centre de Nairobi, le 2 juillet 2024. (AFP / SIMON MAINA)

Le chef de la police kényane a démissionné, plus de deux semaines après des manifestations violemment réprimées par les forces de l'ordre qui ont fait au moins 39 morts, a annoncé vendredi le porte-parole de la présidence.

Le président kényan William Ruto a "accepté la démission de Japhet Koome", le chef de la police kényane, selon un communiqué publié sur X par Hussein Mohamed. M. Koome était à la tête de la police depuis novembre 2022. William Ruto a limogé jeudi la quasi-totalité de son gouvernement, à l'exception du ministre des Affaires étrangères et du vice-président, pour tenter de répondre au mécontentement à la suite d'un projet de budget impopulaire.

M. Ruto avait déjà annoncé le 26 juin le retrait de ce projet de budget qui prévoyait des hausses d'impôts, au lendemain d'une journée de violences meurtrière marquée par l'assaut du Parlement par de jeunes manifestants. La police avait alors tiré à balles réelles sur la foule. Selon l'agence officielle de protection des droits humains (KNHCR), 39 personnes sont mortes depuis la première manifestation le 18 juin.

De nombreuses organisations de défense des droits humains avaient critiqué les méthodes employées par les forces de l'ordre et demandé l'ouverture d'enquêtes. La police kényane avait déjà été accusée d'usage excessif de la force et d'exécutions extrajudiciaires. Et des manifestations contre la vie chère, à l'appel de l’opposition, avaient donné lieu l'an dernier à des pillages et des affrontements meurtriers au Kenya, faisant au moins 50 morts selon les ONG.

William Ruto avait annoncé en octobre 2022, deux mois après son élection à la tête du pays d'Afrique de l'Est, le démantèlement de la redoutée Unité des services spéciaux (SSU), unité de police créée il y a plus de 20 ans et sous le feu des critiques après des cas de disparitions forcées et de meurtres. Le chef de l'Etat avait également promis une refonte de la police.

"Génération Z"

Le gouvernement a été pris de court cette année par l'ampleur de la contestation baptisée "Occupy Parliament" ("Occuper le Parlement"), née sur les réseaux sociaux après la présentation du budget au Parlement le 13 juin et qui a trouvé un puissant écho au sein de la "Génération Z" (jeunes nés après 1997). Le projet de budget a catalysé un mécontentement latent visant le président Ruto. Elu en août 2022 sur une promesse de défense des plus modestes, il a ensuite accru la pression fiscale sur la population.

Après le retrait du projet de budget, William Ruto a annoncé une hausse des emprunts - d'environ 169 milliards de shillings (1,2 milliard d'euros) - ainsi qu'une baisse des dépenses de l'ordre de 177 milliards de shillings (1,3 milliard d'euros). Des mesures qui feront passer le déficit budgétaire de 3,3 à 4,6%, avait estimé le chef de l'Etat. Dans la foulée, l'agence de notation financière Moody's a abaissé la note de la dette à long terme du Kenya, avec des perspectives négatives. La dette publique du Kenya, locomotive économique d'Afrique de l'Est, s'élève à environ 10.000 milliards de shillings (71 milliards d'euros), soit environ 70% du PIB.

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