Le magistrat a estimé que les démarches entreprises, avant son arrestation, par Pablo Villavicencio pour obtenir sa régularisation, avec l'appui de son épouse qui est, elle, citoyenne américaine, devaient aller à leur terme et justifiaient sa remise en liberté.
Arrêté le 1er juin sur la base de Fort Hamilton, située à l'extrême sud de Brooklyn, où il avait déjà effectué plusieurs livraisons par le passé, ce citoyen equatorien de 35 ans, était depuis 54 jours en détention, dans l'attente d'une décision sur son éventuelle expulsion.
Lors d'une audience mardi, le juge Paul Crotty s'était ouvertement interrogé sur la justification de l'expulsion d'un homme qui avait constitué un dossier pour obtenir un titre de séjour, actuellement à l'étude.
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"Est-ce que le concept de justice existe ici ou est-ce que l'on fait ça parce qu'on en a envie ?", avait demandé le magistrat. "Où est le préjudice pour le pays ?", a ajouté le juge, sans indiquer à quelle date il rendrait sa décision.
"Le droit, l'humanité et la morale ont prévalu aujourd'hui", a commenté, dans un communiqué, Adriene Holder, l'une des avocates de Villavicencio et membre de l'association de défense des justiciables modestes Legal Aid Society.
Pour elle, la décision rendue mardi "constitue l'affirmation du fait que les tribunaux peuvent encore exercer un contrôle sur l'exécutif lorsque celui-ci passe outre les lois et les principes".
Incités au durcissement par le président Donald Trump, les services de l'immigration (ICE) ont augmenté, depuis début 2017, le rythme de leurs inspections des commerces et locaux de sociétés à la recherche de personnes en situation illégale.
Plus récemment, ils ont adopté une directive qui autorise leurs agents à interpeller des immigrés sans-papiers dans l'enceinte même des tribunaux, jusqu'ici considérés comme lieux sanctuaires.
Le Parlement de New York devrait prochainement examiner une proposition de loi visant à empêcher toute arrestation dans un tribunal.
Avec AFP